dimanche 30 janvier 2022

The Avengers 1966 : The annual illustration strips - Ian Duerden.

The Avengers Artland, ianduerden.com, 2004 - 2009.

    Des crimes extraordinaires contre les personnes et l'humanité doivent être vengés par des agents extraordinaires. Un docteur en médecine, David Keel ; une aventurière experte en judo, Catherine Gale ; une journaliste scientifique et talentueuse femme d'affaires, Emma Peel ; une jeune agent-secret en formation, Tara King ; une ancienne danseuse de ballet désormais agent au ministère, Purdey ; et un ex-mercenaire, Mike Gambit. Tous sous la houlette du plus cultivé des gentlemen anglais : John Steed.

    Chapeau Melon & Bottes de cuir - The Avengers - réadapté et illustré dans le style des comics britanniques des années 60 par Ian Duerden.

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    On en parle depuis un moment déjà : la série britannique cultissime des sixties, Chapeau Melon & Bottes de Cuir, a connu de multiples adaptations et transpositions après sa création. Parmi celles qu'on a pu vous présenter récemment, on recense ainsi un certain nombre de BD imaginant de nouvelles aventures à Steed et à ses inoubliables et charmantes partenaires. Cette mode, qui a débuté dès les années 60 sous forme de comics strips dans la presse, s'est poursuivie dès 1967 avec les Annuals, des recueils de comics publiés chaque année jusqu'à la fin de la série. Outre les comics Steed and Mrs Peel, plus récents, il existe également une autre BD, d'un genre un peu particulier, qui mérite qu'on en parle : celle illustrée et écrite par Ian Duerden.
 

    Ne cherchez pas ses œuvres sur les sites marchands ou dans les librairies étrangères. Ian Duerden, autodidacte, a fait de la bande-dessinée un hobby et ne publie ses œuvres que depuis quelques années, via l'autoédition. Bien avant cela, il s'était lancé sur le net dans la mise en ligne de comics inspirés de Chapeau Melon & Bottes de Cuir baptisé The return of the Avengers. Comme il le raconte lui-même, la genèse de cette BD est tout à fait hasardeuse : c'est alors qu'il était alité des suites d'une opération, au début des années 2000, que Ian Duerden s'est rappelé avec nostalgie des Avengers annuals de son enfance... et que lui est venue l'idée de leur donner une continuité sur le net. Il crée ainsi en 2004 le site Avengers Artland, devenu depuis ianduerden.com


    A sa première BD succéda une autre, puis une suivante, ainsi que quelques mini-épisodes mis en ligne chaque année à la période de Noël, à la façon des Christmas specials. Véritables fanfictions, ses créations son probablement critiquables à bien des égards (notamment du point de vue du graphisme, nous y reviendrons un peu plus loin dans cet article) mais méritent qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour l'engouement qu'elles ont suscité à travers le monde. Période hivernale oblige, nous nous penchons aujourd'hui sur The Avengers 1966 - The annual illustration strips, soit le "recueil" consultable en ligne des 4 mini-épisodes de Noël publiés entre 2004 et 2009.
 

    La toute première histoire, intitulée "The late Christmas present", est un hommage au cultissime épisode de la saison 4 "L'héritage diabolique". Dans l'intrigue initiale, Mrs Peel recevait en héritage une demeure abandonnée en pleine campagne nommée Seven Pines, en fait une maison robotisée et conçue pour l'éliminer par le défunt professeur Keller, un savant fou qui vouait une haine sans fin à l'encontre de la jeune femme. Ian Duerden imagine ici une suite à cet épisode : à l'image des pièges de la maison programmés à l'avance, il raconte ici comment Keller aurait anticipé une autre façon de détruire Emma (via un paquet cadeau livré pour Noël) dans le cas où elle serait parvenue à s'échapper de Seven Pines. Cette intrigue, extrêmement courte, se termine par la destruction du penthouse de l'héroïne, qui n'a désormais plus qu'à trouver un nouveau logement : on y devine un clin d’œil au changement inexpliqué d'appartement de Mrs Peel entre les saisons 4 et 5 de la série.
 

    Le second épisode, "The Christmas rose", est un hommage à la trilogie des cybernautes (ces robots iconiques de la série, qui ont déjà grandement inspiré le roman Too Many Targets). On y retrouve Emma et Steed à bord de sa bonne vieille Bentley, en route pour fêter la nouvelle année chez la grand-tante du gentleman au chapeau melon. Perdus en pleine tempête de neige, ils arrivent par hasard auprès d'un monastère en ruines qui leur réserve de bien mauvaises surprises...
 

    La troisième histoire, "On the feast of Saint Stephen", à défaut d'être une véritable intrigue, a quelque chose d'enthousiasmant et réveille la nostalgie des amoureux de la série. Nous sommes en 1980, dans un manoir georgien appartenant à Steed, pour le Boxing Day. Le propriétaire a réuni tous ses amis et collègues pour une soirée digne d'un réveillon, aussi retrouve-t-on là tous les Avengers, et ce depuis la genèse de la série. Tandis qu'Emma (qui semble avoir suivi la mode, puisque sa coupe correspond à celle portée par Diana Rigg à la même époque) décore le sapin, Tara et Steed surveille à la fenêtre l'arrivée des autres convives. Gambit et ¨Purdey arrivent à bord d'un chasse-neige et Cathy Gale, aux manettes d'un avion. Pendant ce temps, Mère-Grand et One-ten (son prédécesseur à la tête des services secrets dans les toutes premières saisons de la série) jouent les cordon-bleus, en attendant le Dr Keel (premier assistant de Steed) et le Dr King (qui lui succèdera pour quelques épisodes seulement). Ils sont rejoints par la pétulante Venus Smith (chanteuse de cabaret qui a enquêté aux côtés de Steed le temps de quelques aventures), laquelle annonce son arrivée en chantant des Christmas carols à la porte du manoir. Dernier clin d’œil amusant : c'est le major Brodny (agent du KGB tourné plusieurs fois en ridicule dans la série, puis de retour dans Too Many Targets) qui se charge de l'intendance. 

 
   Outre son amusant côté "reunion", cet épisode s'amuse avec nos nerfs en laissant entendre l'existence d'une certaine... Mrs Steed (!) dont l'identité n'est pas révélée – mais elle serait donc probablement l'une des avengergirls présentes... Autre caractéristique de cet épisode, rendue possible par le format numérique : sa fin alternative. Elle transforme cette histoire sans grand intérêt dramatique en introduction à une autre BD originale de Ian Duerden, avec laquelle il s'amuse à tisser un lien en usant des codes du fantastique. Il s'agit là d'un subterfuge dont il s'est souvent servi via son revival des Avengers, puisque même sa série de comics Clockword Empire, aujourd'hui autoéditée, est née sur Avengers Artland.
 

    Enfin, le quatrième épisode, "Under the Mistletoe", plus long et élaboré que les précédent, raconte une aventure se déroulant dans les premiers jours de janvier 1967. Steed et Emma y enquêtent sur la prolifération anormale de gui dans la campagne anglaise, prolifération qui ne peut être d'origine naturelle. Leurs investigations les conduisent jusqu'à un ancien site païen où des druides modernes y dissimulent une base souterraine... l'issue de cette affaire, qui renverse les codes habituels de la série, fait de ce mini-épisode un amusant pastiche à la gloire des Avengers.
 

    En dépit de formats très courts et d'une tension dramatique toute relative, ces mini-épisodes témoignent d'une vraie connaissance de l'univers de Chapeau Melon & Bottes de Cuir, laquelle transparaît principalement dans les dialogues. La malice des réparties et le flegme qui se dégage des échanges entre Steed et Mrs Peel en sont la preuve : Ian Duerden a totalement cerné l'esprit des Avengers et son enthousiasme à imaginer pour ces personnages de nouvelles répliques et de nouvelles mises en situation est on ne peut plus palpable.
 
 Esquisses préparatoires pour les personnages (extrait des secrets de réalisation mis en ligne par Ian Duerden).

    Reste le visuel, qu'on ne peut que qualifier de déstabilisant. En effet, Ian Duerden utilise une technique plurielle alliant dessin traditionnel à la main et mise en image par informatique. Ses précédentes publications sur Avengers Artland témoignent à ce titre d'une évolution : ses premières BD étaient majoritairement illustrées de façon traditionnelle (aquarelle et gouache), ponctuées ça et là d'images de synthèse (principalement pour les véhicules, les robots et certains accessoires d'aspect futuriste). La tendance s'est inversée avec le temps et ces Christmas Specials sont à ce titre en grande partie illustrés numériquement, l'aquarelle réapparaissant uniquement pour quelques visages préalablement dessinés à la main puis incrustés sur des corps conçus par informatique. 
 
Le Penthouse d'Emma recréé par informatique par Ian Duerden.
 
    Les quatre mini-épisodes de Noël ressemblent ainsi à des captures d'écran des Sims, ce célèbre jeu de réalité augmentée né approximativement en même temps que les fanfictions de Ian Duerden. En dépit de ces visuels étranges, le créateur réussit à susciter notre nostalgie en redonnant vie à certains décors iconiques de la série via l'outil informatique : Seven Pines, par exemple, mais surtout le penthouse de Mrs Peel, dans lequel on adorerait faire une visite virtuelle. A l'image de la série qui tournait souvent en extérieur dans la campagne anglaise ou aux abords de bâtiments historiques réels, Ian Duerden a nourri cette BD de ses longues promenades sur les côtes anglaises en s'inspirant de manoirs, ruines et monastères véritables pour en faire les décors de ce revival.
 
Sources d'inspiration pour les décors (extrait des secrets de réalisation mis en ligne par Ian Duerden).

En bref : Malgré une mise en image qui n'enchantera pas tout le monde, les comics de Ian Duerden, fanfictions assumées aux intrigues plus anecdotiques que réellement consistantes, constituent un sympathique hommage à Chapeau Melon & Bottes de Cuir. L'auteur s'en donne à cœur joie dans ces quatre mini-épisodes de Noël et cela se ressent.



2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Ça reste très étrange quand même ^^ mais cette BD faite par un fan a le mérite d'exister et elle témoigne de longues heures de travail tout de même !

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