Les plantes magiques et la sorcellerie, 1899 & Philtres et boissons enchantées, 1872 - CPE éditions, 2016 - Éditions de la Clef d'Or, 2016.
Les plantes sont très utilisées en
magie et on les retrouve dans beaucoup de rituels sous forme
d’infusions ou de décoctions. Mais au-delà de leurs éventuelles vertus
curatives, elles sont aussi utilisées dans une tradition folklorique
pour entretenir le mythe de la sorcellerie. Ce livre rassemble deux
opuscules écrits au début du XXe siècle par un pharmacien, Émile Gilbert : Les plantes magiques et la sorcellerie (1914) et Philtres et boissons enchantées ayant pour base les plantes pharmaceutiques (1872). Il nous livre d’étonnantes révélations sur les pouvoirs des plantes.
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Réédité simultanément chez CPE éditions (maison mettant en valeur la culture des terroirs) et aux éditions de la clef d'Or (une branche de l'éditeur l'Alliance Magique, consacré à l'ésotérisme et à la pratique de la wicca), Les plantes magiques et la sorcellerie est en fait un ouvrage de 1899 (et non 1914, comme le dit la quatrième de couverture). L'auteur, Émile Gilbert, s'il est certainement tombé dans l'oubli aujourd'hui, était un pharmacien réputé, auteur, poète et historien, très connu dans l'Allier, où il tenait une officine à Moulins. Outre quelques ouvrages sur l'histoire des pharmacies et sur la pharmacopée, Émile Gilbert s'est surtout illustré dans l'étude des poisons et particulièrement des philtres et plantes liés aux pratiques de sorcellerie, des sujets auxquels il a consacré plusieurs livres. Cette édition est justement complétée d'un second ouvrage : Philtres et boissons enchantées ayant pour base les plantes pharmaceutiques.
Grand adepte de Jules Michelet (dont il a par ailleurs fait le sujet d'un autre livre), Émile Gilbert s'inspire énormément (ou est malgré lui inspiré) de la vision que son confrère auteur donne des arts profanes et de leurs adeptes dans La sorcière, même si cela transparait surtout dans le lien entre les plantes et leur interprétation, sujet de prédilection du pharmacien. En se concentrant sur la flore archétypale liée à la légende de la sorcière (mandragore, belladone, jusquiame, datura, etc...), l'auteur remonte à l'utilisation de ces plantes dans l'antiquité et donne à voir la logique qui a conduit plus tard à les associer aux pratiques de sorcellerie.
Belladone
Le propos est en cela particulièrement intéressant : en abordant le sujet par l'intermédiaire des plantes et de leur utilisation, l'auteur aborde évidemment de façon transversale l'Histoire des soins à travers le temps et la transition progressive (ou l'opposition persistante, selon qui les pratique) entre magie et sciences. Émile Gilbert montre de façon assez pertinente la filiation qui existerait entre les rituels polythéistes des temps anciens et les Sabbats, même s'il présente ces derniers comme des sortes de parodies des premiers (une interprétation qui parait cependant un peu rapide ; il nous semble plus objectif de dire que les Sabbats constituent davantage un héritage qu'un pastiche des rites antiques).
Mandragore
Une autre hypothèse intéressante, même si elle est à notre sens incomplète : Émile Gilbert attribue à la consommation de ces plantes psychotropes (l'herbier de la sorcière est essentiellement composée de solanacées, qui, à forte dose, entrainent des hallucinations) les visions de Sabbat, pseudo souvenirs de participation à des rites étranges et apparitions relatées par les femmes ensuite accusées de faire commerce avec le Démon. Cette piste n'est pas dénuée de pertinence, mais elle ne prend pas en compte la misogynie d'une société religieuse patriarcale aujourd'hui admise par tous : combien de ces témoignages de fêtes sataniques étaient en fait montés de toutes pièces par l’Église pour condamner de pauvres femmes innocentes ? Certainement beaucoup. C'est peut-être par certaines approches un peu trop étriquées qu'on se rappelle que ce livre a été écrit au XIXème siècle, même s'il reste une source d'informations et de documents érudite sur le sujet traité.
La danse du sabbat... une hallucination due à la consommation de psychotropes?
En bref : Un tantinet désuet par certains côtés, Les plantes magiques et la sorcellerie offre cependant une analyse intéressante de la flore liée aux pratiques de sorcellerie, sujette à raconter l'héritage des temps anciens sur les pratiques païennes et les ponts entre médecine et magie.
Bin cela semble quand meme interessant...et fascinant
RépondreSupprimerOui, un peu désuet par endroit mais très instructif tout de même !
Supprimer;) un ouvrage à avoir dans toute bibliothèque d'une sorcière qui se respecte!
RépondreSupprimerNous sommes d'accord ;-)
SupprimerC'est toujours intéressant de se plonger dans ce genre d'ouvrages. Mes connaissances sur les plantes ne sont pas très développées mais j'aime bien l'idée de rapprochement entre les différents sujets. :)
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