vendredi 9 août 2024

Enquête étrusque au Louvre (Enquêtes au Louvre #1) - Carole Declercq.

City éditions, 2020 - City poche, 2021.

    Fougueuse et indépendante, Anna Stein vient d’ouvrir un cabinet d’expertise d’art à Paris, mais sa jeunesse et son sale caractère font grincer bien des dents. Alors, quand le milliardaire François Borelli lui demande d’inventorier sa collection, c’est enfin la reconnaissance qu’elle attendait. Mais quelques jours plus tard, Borelli est retrouvé mort. Malade, il avait certes déjà un pied dans la tombe, mais ne l’y aurait-on pas un peu précipité ? Lorsque d’autres cadavres s’invitent dans l’entourage du collectionneur, Anna est obligée de mener l’enquête. Aidée par un extravagant lord anglais, courtisée par un policier italien et poursuivie par son ancien amoureux, la jeune femme ne sait plus où donner de la tête. Pourtant, elle doit garder les idées claires. Car dans les eaux troubles du trafic d’art, à vouloir déterrer d’inavouables secrets, elle risque d’être la prochaine victime…
 
Le crime est un art : un délicieux cosy mystery à la française. 
 
***
 
     Après Intrigue à l'anglaise, premier opus des Enquêtes de Pénélope, le deuil persistant suite à notre intense bingewatching de L'art du crime nous a poussés à la lecture de cette Enquête étrusque au Louvre. Ce titre de l'autrice française Carole Declercq, pensé comme le premier tome d'une série de cosy mysteries dite "à la française" propose également un sympathique mélange d'Art, d'Histoire et de polar. Parfait, donc, pour répondre à nos attentes.


    La jeune et charismatique Anna Stein a réussi l'irréalisable dans son milieu : ouvrir un cabinet d'expertise d'art connu et reconnu avant même sa trentaine. Audacieuse et culottée, elle doit son succès à un extraordinaire coup de maître : avoir reconnu un authentique Pieter de Hooch dans un tableau d'apparence mineure au tout début de son activité. Sa réputation ainsi faite, Anna Stein n'a plus à faire ses preuves dans le métier. Cependant, lorsqu'elle est appelée par le milliardaire et ancien jet-setteur François Borelli pour évaluer le coût de sa collection d'antiquités étrusques, elle a du mal à comprendre que le choix se porte sur elle. Le vieil homme, à l'article de la mort, souhaite une mise à jour de l'estimation effectuée une quinzaine d'années plus tôt par son amie Ilaria de Luca, conservatrice italienne de talent. Alors qu'elle épluche la paperasse du collectionneur, Anna découvre cependant les documents d'une antiquité qui ne figure pas dans l'inventaire ; a peine a-t-elle le temps de s'interroger sur sa provenance que Borelli est retrouvé mort dans son lit et qu'un agent des services de protection du patrimoine italien débarque sur le sol français. Et si les antiquités étrusques du milliardaire dissimulaient une affaire louche ? Bien décidée à comprendre de quoi il retourne, Anna n'hésite pas à s'envoler pour l'Italie et ses vestiges pour éclaircir ce mystère.


    On a peu entendu parler de ce roman à sa publication, et c'est fort regrettable. Écrit d'une plume débordante de malice tout en abordant son sujet de fond avec sérieux, Enquête étrusque au Louvre est probablement l'un des meilleurs exemples de polar cultivant à la fois l'art de la légèreté et de l'érudition. Jamais loufoque ni dans la caricature comme aurait pu le laisser entendre l'étiquette "cosy mystery" choisie par l'éditeur, ce roman met cependant en scène des personnages suffisamment charismatiques pour nous faire sourire sans qu'ils cessent jamais d'être crédibles. Carole Declercq les "croque" avec talent, les étoffant ici et là de traits d'un humour particulièrement spirituel. Anna et son caractère bien trempé en tête, mais aussi Hadrien (expert au Louvre, ex encombrant et légèrement mégalomane sur les bords) et le so british Thomas Alexander, bouquiniste qui se révélera rapidement indispensable. Le lecteur s'attache énormément à cette galerie de protagonistes décalés juste ce qu'il faut.
 

    L'érudition vient quant à elle de la thématique de fond : les antiquités étrusques, bien sûr (on meurt d'envie d'aller en admirer au Louvre une fois le livre refermé), mais surtout le milieu de l'art dans son ensemble. Collection, méthode d'inventaire, vérification des traçabilités, trafic de biens culturels... le sujet est maîtrisé avec la précision digne d'un professionnel, au point qu'on pourrait croire Carole Declercq issue du milieu. Jamais pompeuse dans ses explications, elle parvient à les glisser au fil du texte et des rebondissements avec fluidité et naturel, élargissant les connaissances du lecteur sans jamais donner l'impression de lui imposer un cours magistral.

Vestiges de tombes étrusques en Italie.

    Même si l'on peut deviner l'identité du coupable avant la révélation finale, l'intrigue reste globalement très efficace, avec ce petit goût d'exotisme qui fait une grande partie de son charme. Non contente de nous faire découvrir l'art étrusque, l'héroïne nous entraine en effet avec elle en Italie pour finir son enquête, nous offrant une excursion gratuite et dépaysante sur d'anciens lieux de fouilles qui nous donnent tous envie de nous improviser archéologue.
 

En bref : Frais, léger et érudit à la fois, Enquête étrusque au Louvre est un sympathique polar dans le milieu de l'Art, des musées et des antiquités. La narration, malicieuse, participe à la fluidité de la lecture en dépit d'un sujet de niche que l'autrice nous rend passionnant. Immersion réussie dans un univers fascinant, ce premier opus d'une série en devenir nous laisse vivement espérer une suite !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire