mercredi 22 avril 2015

Les secrets des Hauts Murs - Lulu Taylor.


The Snow Angel, Pan McMillan, 2014 - City éditions, 2014.

  Emily a tout pour être heureuse : une grande maison, deux beaux enfants et un mari attentionné. Jusqu’au jour où ils ont un grave accident de la route. Lorsqu’elle se réveille à l’hôpital après la tragédie, elle réalise qu’elle a tout perdu. Elle apprend aussi qu’elle vient d’hériter d’une maison à la campagne. Pour Emily, ce pourrait être la chance de recommencer sa vie à zéro. Mais qui est la femme qui lui a léguée cet héritage et pourquoi ? Quels secrets dissimulent les hauts murs de la propriété presque à l’abandon ? Des générations plus tôt, un étrange trio a vécu là : une jeune femme, un peintre et son épouse. Et un drame s’y est déroulé. Dans les méandres de l’histoire d’une famille, Emily va chercher à découvrir les secrets de son passé…
 
Trois femmes, deux générations. Une histoire d’amour et de secrets. 
 
***
 
  Une maison, une héroïne, plusieurs générations qui se mêlent autour d'un secret... des thèmes dont on sait qu'ils attisent ma curiosité! Alors quand je suis tombé par hasard sur cet ouvrage doublé d'une couverture pour le moins attrayante, je n'ai pu résister bien longtemps! Tout d'abord un petit retour sur l'histoire avant de vous dire mon avis...
 
 Couvertures de l'édition originale et de l'édition audio.
 
  Angleterre, de nos jours : Après un accident de voiture volontairement provoqué par un époux violent et suicidaire, Emily sort de l'hôpital pour apprendre que son mari, maintenant dans le coma, a dilapidé l'argent du couple. Alors qu'elle décide de repartir de zéro avec ses deux enfants, voilà que le hasard tourne en sa faveur : elle hérite soudain d'une ancienne demeure, Le cottage de Décembre. Léguée par une inconnue du nom de Catherine Few, cette maison aurait autrefois appartenu à la tante d'Emily, raison pour laquelle elle lui revient aujourd'hui. En allant vivre dans cette demeure perdue dans la région du Cumbria, elle pense donc redémarrer une vie nouvelle... Mais en arrivant sur place, elle ne tarde pas à découvrir de mystérieux tableaux et qu'un drame tenu secret se serait déroulé entre ces murs...
  Années 1950 : Cressida "Cressie" Fellbridge, jeune fille éprise d'idéaux féministes, tente d'échapper à l'autorité patriarcale. Pour faire bonne figure auprès de son père, elle accepte cependant de ce dernier d'aller poser pour un jeune peintre du nom de Ralph Few. Cressida fait alors connaissance de l'artiste et de sa mystérieuse femme, Catherine, et ne tarde pas à tomber amoureuse du portraitiste. Les sentiments de la jeune fille ne sont pas sans réciprocité, et ce malgré la charismatique Catherine et l'étrange emprise qu'elle semble avoir sur son époux... La relation secrète des deux amants prend alors une tournure étrange et dangereuse, marquée du sceau d'un terrible secret...

Le cottage de décembre, perdu dans le décor du Cumbria?

  Verdict? Vous l'aurez compris, beaucoup de choses alléchantes dans cette histoire dont l'intrigue a, à ma grande surprise, lentement lorgné du côté de ces "intrigues artistiques" que j'aime tant. Cet aspect a par ailleurs compensé des éléments moins heureux, notamment dans l'alternance des époques et l'inégale qualité de ces deux parts du récit. En effet, les immersions dans l'Angleterre des années 1950 étaient captivantes : le personnage de Cressida, jeune féministe enthousiaste désireuse d'émancipation, est une héroïne intéressante à plus d'un titre et se retrouve aspirée dans une relation amoureuse tortueuse et marquée de zones d'ombre qu'elle même peine à comprendre, ce qui nous tient en haleine avec une vraie délectation. Le couple Few m'a tour à tour amusé, intrigué, puis fasciné : le personnage dominateur et tout à la fois charismatique de la sombre et élégante Catherine, ainsi que la symbiose qu'elle semble former avec son époux dans la vie à la fois artistique et conjugale... Comme "lâchée" dans cet étrange univers, Cressida devient malgré elle l'héroïne dramatique  d'une relation vénéneuse aux allures de thriller hitchkockien...

L'étrange trio amoureux -quasi hitchockien- du roman : 
Ralph, l'envoutante Catherine, et la lumineuse Cressida...?

  Parallèlement, en revanche, l'histoire qui se déroule à notre époque est d'un ennui quasi-mortel, et les personnages frôlent par moment le ridicule de manquer ainsi de crédibilité. Emily, à mille lieues de Cressida, est une héroïne assez fade est les passages qui la mettent en scène s'engluent dans des intrigues secondaires annexes totalement inutiles et beaucoup trop tirées par les cheveux à mon goût (Oh, son frère et ses délires mystiques... ni fait ni à faire...). Sans compter que l'écriture, si elle est sommes toutes correcte, souffre parfois d'un ton très "féminin" si je puis dire, disons de ce style un peu trop dramatico-sentimento-romanesque façon collection Harlequin, *ahem*. Heureusement, les deux intrigues se relient progressivement pour nous faire oublier les aspect négatifs des passages "au présent" et mieux nous captiver de cette mystérieuse affaire survenue cinquante ans plus tôt, qui nous tient tout de même en haleine jusqu'au bout!

 Deux portraits de William Orpen, le peintre qui a inspiré l'auteure pour le personnage de Ralph.
... On pourrait presque croire aux portraits de Catherine et Cressida décrits dans le roman...

En bref : Un roman à l'écriture inégale qui souffre parfois de passages trop simplistes et peut-être trop "féminins", mais qui se lit sans déplaisir grâce au ton quasi-hitchkockien de son intrigue et à l'univers à la fois poétique, énigmatique et hypnotique de la peinture...

4 commentaires:

  1. Comme toi, le résumé particulièrement prometteur a vivement attisé ma curiosité! ;) Ton billet est le premier que je lis sur ce roman et, malgré les points hyper positifs que tu évoques (le ton quasi-hitchkockien et l'intrigue aux relents artistiques... j'adore!), les défauts que tu pointes du doigt freinent pas mal mon enthousiasme (j'avoue que le style "Harlequin", pour l'avoir expérimenté avec "Le secret de Cavendon Hall" de Barbara Taylor Bradford, c'est rédhibitoire avec moi ^^). Je vais donc sûrement attendre une version poche pour me laisser éventuellement tenter. :)

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    1. L'écriture très "eau de rose", j'avoue moi_même avoir du mal à la digérer et d'autant plus lorsqu'elle voisine ici cette seconde intrigue presque hitchkockienne si bien écrite! C'est tellement dommage qu'on a envie de gifler l'auteure pour savoir ce qui a bien pu lui arriver lorsqu'elle a écrit certains passages mièvres à souhait =P

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  2. Malgré le sentimentalisme qui n'a pas l'air de bien s'intégrer avec le côté sombre de l'histoire, je suis intriguée par l'histoire !

    Mention spéciale aux portraits de William Orpen ;)

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    1. Oui, comme je le disais, toute l'intrigue qui se déroule dans les années 50 sauve la lecture et, dans un sens, la justifie à elle seule. C'est pourquoi mon avis n'était pas entièrement négatif, et j'ai tout de même apprécié cette partie plus mystérieuse! =D

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