jeudi 29 octobre 2015

Ma vie à Rose Red : Le journal intime d'Ellen Rimbauer - présenté par le Dr J.Reardon.

The Diary of Ellen Rimbauer: My Life at Rose Red, Hyperion 2001 - Albin Michel, 2003.

  " Durant l'été 1998, au cours dune vente aux enchères, j'ai acquis un journal intime cadenassé et recouvert de poussière, persuadée que ces écrits appartenaient à Ellen Rimbauer Au début du XXe siècle, John et Ellen Rimbauer faisaient partie de l'élite de la haute société de Seattle. Le couple fit construire une gigantesque résidence sur les hauteurs de Spring Street. Baptisé par la suite " Rose Red " - Rose rouge -, cet édifice a été l'objet de nombreuses controverses. En effet, sur une période de quarante et une années, au moins vingt-six personnes ont soit perdu la vie, soit disparu mystérieusement entre ses murs. Le journal intime de Ellen Rimbauer, dont je vous propose des extraits, m'a conduite à faire certaines découvertes, qui m'ont poussée à organiser une expédition. Dans peu de temps, je serai à la tête d'une équipe d'experts en phénomènes paranormaux, au cœur de la propriété des Rimbauer, afin de sortir cette gigantesque force psychique qu est Rose Red de sa torpeur. J'espère ainsi venir à bout de certains mystères que mon mentor, Max Burnstheim, n'a pu résoudre avant sa disparition à Rose Red en 1970. Au nom de la science, je continue ma poursuite de la vérité sur Rose Red ; advienne que pourra. " 
  Dr Joyce Reardon, Département des Phénomènes paranormaux Université de Beaumont Seattle, Etat de Washington, USA.

***

  Voilà longtemps que l'on m'a parlé de cet ouvrage et vanté ses qualités, me le présentant comme la publication du vrai journal d'Ellen Rimbauer, dont la véridique histoire de maison hantée aurait inspiré Stephen King pour son film Rose Red. Dans cette fiction télévisée, une équipe de parapsychologues se rend à Rose Red, gigantesque manoir réputé hanté, pour y mener une enquête d'un genre bien spécial. Depuis la fondation de la maison sur une nécropole indienne, elle n'a cessé d'être le théâtre d'événements sanglants et mystérieux. Ces événements, notamment vécus par la première propriétaire des lieux, ont été racontés dans son journal intime ici présenté par la prétendue Dr Reardon, celle dont se serait également inspiré S.King pour le personnage homonyme de son film.

La fiction de Stephen King, tournée pour la chaine ABC en 2001.

  Le journal d'Ellen nous plonge donc au tout début des années 1900, alors que la jeune fille timide et inexpérimentée se laisse courtiser par John Rimbauer, de vingt ans son aîné. Elle finit par l'épouser et convoler en juste noces au cours d'une lune de miel à travers le monde tandis que le riche propriétaire lui fait partir Rose Red, leur future habitation. Mais si leur pérégrinations révèlent à la jeune femme le comportement rustre et frivole de son époux, la maison qui les attend a également ses secrets. Dès qu'elle s'y installe, Ellen confie dans son journal le malaise qu'elle y ressent... puis, peu à peu, au fil des travaux d'agrandissement, des membres du personnel de Rose Red disparaissent mystérieusement, pour parfois réapparaître sous une apparence spectrale. Pour Sukeena, la gouvernante noire et confidente d'Ellen, la maison est comme vivante, animée d'une énergie diabolique, et se nourrit des âmes des vivants...

 


    Agrémenté de nombreuses esquisses et photographies d'époque, ce document véridique a tout d'enthousiasmant. Au début. Car ne vous y méprenez pas, ce prétendu journal intime n'est qu'un vaste canular, une fausse-vraie histoire imaginée de toute pièce par Stephen King pour créer le buzz autour de son feuilleton télévisé Rose Red, et confié à l'auteur Ridley Pearson (oui, oui, celui de Peter et la poussière d'étoiles!) pour la rédaction. Reconnaissons que le travail de reconstitution est correct, même si de nombreux passages m'avaient déjà mis la puce à l'oreille par leur approche trop...comment dire, "rétrospective"? Trop de détails tue le détail, et j'avais le sentiment que cette Ellen Rimbauer se sentaient obligée de nous bombarder de références historiques faussement anodine toutes les deux lignes, comme pour prouver qu'elle écrivait bien en 1907. Cela fait merveille dans un roman jeunesse historique à la Mary Hooper mais là, dans une vessie horrifique qu'on essaye de nous faire prendre pour une lanterne véritable, ça sonnait justement faux.


                                              Le Manoir de Thornfield, en Californie, qui a servi de décor au film de S.King et d'illustration au livre.

  Si Stephen King avait tout de même été inspiré par la véritable histoire de la Maison Winchester ( cherchez donc sur le net, la légende a fait les belles heures des 30 histoires les plus mystérieuses ), les ressorts utilisés évoquent davantage un roman d'horreur moderne (et tiré par les cheveux, en plus) qu'une histoire d'esprits frappeurs à l'ancienne mode. Autre détail intéressant, pour son film Rose Red, nombre d'éléments lui ont été suggéré par le roman The haunting of Hill House de Shirley Jackson, adapté au cinéma en 1999 sous le titre Hantise. Frustré d'être passé à côté des droits d'auteur, le Maître de l'horreur avait à la suite écrit le scénario de Rose Red et fait mettre en chantier l'écriture de ce journal faisant office de préquelle. Bref, résultat des courses, même si on frissonne à la lecture, le ton résolument moderne de ce roman d'horreur ajouté à la déception de s'être fait entourlouper par l'auteur peut casser l'enthousiasme...


La véridique Sarah Winchester et la gigantesque maison qu'elle aurait construite sur commande des esprits,
un fait divers réel qui a suggéré à Stephen King et Ridley Pearsons l'histoire d'Ellen Rimbauer.
 En bref : Une vraie fausse histoire de fantômes qui pourrait fonctionner comme roman d'horreur moderne mais échoue à mes yeux en tant que pseudo témoignage historique. Pas inintéressant mais, quand même, ce canular, je n'ai pas réussi à le digérer... 

3 commentaires:

  1. Ficelle for ever30 octobre 2015 à 07:22

    Je ne suis pas contre un canular si c'est un bon canular, une bonne parodie, un bon pastiche...

    Ah la maison Winchester...c'est fabuleux ce qu'on peut faire quand on a des millions à sa disposition et une petite araignée au plafond...

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  2. Oups, zut alors ! Je pensais que tu allais me donner envie de le relire. C'est clairement une fausse histoire et c'est souvent maladroit, mais je l'ai lu quand j'étais ado et j'en garde un bon souvenir. Je ne sais pas si je l'aimerais autant aujourd'hui...

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    1. En fait, c'est énervant même pour moi car je suis affreusement mitigé. Je n'arrive pas à me décider... je pense vraiment que si je l'avais aborder de suite comme une œuvre de fiction, je l'aurai davantage apprécié. Mais avoir appris que ce n'était qu'une invention en cours de lecture, ça m'a "cassé la baraque" comme on dit, mais à un tel point que mon avis sur le livre en a tout de suite souffert =/ Je pense que, plus jeune, je me serai uniquement attaché à l'histoire de fantôme et aurais fait fi du canular.

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