jeudi 26 janvier 2017

A comme Arsenic - Kathryn Harkup

A is for Arsenic, the poisons of Agatha Christie, Bloomsbury, 2015 - Editions J.C.lattes/Le masque (trad. de P.Bonnet), 2016.

 Il y a mille et une façons de tuer. Ce n’est pas à Agatha Christie qu’on va l’apprendre. Mais à chacun ses préférences. Chez la reine du crime, le poison est la méthode qui revient le plus, au point de devenir un personnage à part entière dans ses romans.

A comme Arsenic est l’abécédaire aussi glaçant que fascinant de ses choix en matières de substances létales. Loin d’être aléatoires, ils rendent compte de l’étendue de son savoir scientifique ; chaque poison possède des caractéristiques précises permettant l’obtention d’indices majeurs pour la résolution de ses intrigues.

Un livre à ne pas laisser entre toutes les mains

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  Impossible de résister à cette couverture aux formes Art Déco hypnotiques, et encore moins lorsque on s'attarde sur le contenu de l'ouvrage : un guide des poisons utilisés dans les romans d'Agatha Christie! Proposé en partenariat alors que je faisais justement quelques recherches personnelles que le sujet, A comme Arsenic est tombé à pic au dessus de ma PAL!

  Verdict? Ce petit bijou de criminalité est à ajouter à votre bibliothèque si vous êtes un inconditionnel de la dame du Crime. Vous y trouverez même un intérêt si vous êtes simple friand de polars en général, car cet abécédaire est une source de documentation passionnante!

 Couvertures des éditions grand format et poche originales.

  Des meurtres, Dame Agatha en a un certain nombre à son actif et ce même s'ils sont -par bonheur- tous littéraires. Ouf, car on comprend rapidement à la lecture de cet ouvrage que la célèbre romancière, si elle avait décidé se ranger du mauvais côté de la barrière, aurait eu l'intelligence et les connaissances nécessaires pour commettre le crime parfait par empoisonnement. Car des empoisonnements, on en trouve pléthore dans sa bibliographie : arme classieuse s'il en est, elle est aussi souvent utilisée à tord et à travers dans la littérature policière, les auteurs tablant souvent sur le manque de connaissance de leurs lecteurs sur le sujet. 



  Grâce à des connaissances en pharmacopée complétées d'un diplôme d'apothicaire pour officier en tant qu'infirmière de guerre, Agatha Christie avait accumulé un savoir impressionnant sur l'utilisation de ces substances médicinales qui peuvent devenir dangereuses à trop forte dose... On apprend même qu'elle aurait à l'occasion décelé une erreur de dosage de son pharmacien en chef dans la confection de suppositoires qu'il avait dès lors rendu... mortels! Heureusement, Dame Agatha était arrivé à temps pour signaler cette bévue, et son supérieur lui inspirera plus tard le pharmacien assassin du roman Le cheval pâle.

 Agatha, jeune infirmière de guerre.

  C'est une fois lancée dans l'écriture qu'Agatha trouvera à réemployer ses connaissances dans les intrigues qui ont fait sa célébrité, et dont les dessous scientifiques s'avèrent fiables à plus d'un titre. Si on ne le savait que vaguement, on le découvre en détail au fil des lettres qu'égraine ce dictionnaire empoisonné, avec à chaque fois une étude minutieuse et approfondie de chaque substance présentée: tout d'abord son ou ses appellations, son apparition chez A.Christie, puis une analyse fouillée du poison (sa composition chimique, ses effets sur l'organisme, ses éventuels antidotes, mais aussi de façon plus large son histoire et toute la culture qui s'y rattache). L'auteure complète cette présentation d'un large paragraphe sur les faits-divers criminels liés à ce poison et qui auront pu inspirer la Grande Dame du Crime, avant de décortiquer l'utilisation qu'elle en fait.



  Si la partie scientifique est la plus obscure pour peu qu'on ne soit pas féru de biologie, K.Harkups sait se mettre au niveau du plus grand nombre pour nous rendre la chose compréhensible. Cependant, c'est à chaque fois le brassage des faits-divers criminels qui s'avère être le plus savoureux, et nous laisse rêveur face à autant de polar encore à imaginer! On découvre aussi au cours de la lecture qu'Agatha n'a pris aucune liberté scientifique qui aurait pu faciliter son travail d'auteur (et K.Harkup ne lui recense qu'une légère erreur d'interprétation dans les signes physiques d'un empoisonnement au cyanure), et s'est imposé une rigueur qui force l'admiration. Une rigueur qu'on applaudit d'autant plus devant le large éventail de poisons utilisés, des plus célèbres au moins connus, en tout cas assez pour les 26 lettres de l'alphabet! 


En bref: L'auteure parvient à communiquer sa passion pour cet élément fascinant qu'est le poison dans l’œuvre d'Agatha Christie : brassant ses dimensions historiques, culturelles, sociologiques, littéraires et scientifiques, elle rend ce sujet accessible sans tomber dans la vulgarisation trop facile. Une lecture croustillante, intelligente, et diabolique qui se dévore comme un roman.



Un grand merci à Net Galley 
et aux éditions J.C.Lattès - Le masque.

2 commentaires:

  1. Il te tendait les bras, ce livre. C'est comme si Flavia de Luce devenue grande avait écrit cet ouvrage.

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    1. Oui, tout à fait! Et j' ai beaucoup ri en lisant, dans le chapitre sur le cyanure, le paragraphe sur le danger ou pas de manger la pomme avec les pépins ^_^

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