dimanche 29 septembre 2024

La mort de Tante Dimity, une enquête d'outre-tombe (Les mystères de Tante Dimity #1) - Nancy Atherton.

Aunt Dimity's death (Aunt Dimity mysteries #1)
, Penguin Books, 1992 - Un amour de cottage, Fleuve Noir, 1996 - La mort de tante Dimity, Seuil éditions, label Verso (trad. d'A. Demoulin & N. Ancion), 2024.
 
    L’enfance de Lori Shepherd a été bercée par les histoires de Tante Dimity que lui racontait sa mère. Quelle n’est donc pas sa surprise en apprenant que Tante Dimity a non seulement existé, mais que cette dernière lui a confié une mission capitale à sa mort : compiler toutes ses histoires pour publication, en échange d'une somme considérable.
    Pour accomplir cette tâche, Lori doit voyager en Angleterre, jusqu’à un petit cottage des Costwold. Mais une fois là-bas, des choses très étranges surviennent dans la maison. Le fantôme de Tante Dimity semble veiller sur elle...
 
Le premier tome de la série d'enquêtes plus cosy que mystery, best-seller depuis 30 ans aux Etats-Unis !
 
« Nancy Atherton a créé un monde dans lequel nous aimerions tous pouvoir vivre. » Publishers Weekly
 
***
 
     Peut-on vraiment prétendre connaître et définir précisément ce qu'est le cosy mystery ? Entre les immanquables du genre (Agatha Raisin en tête) et les erreurs d'étiquetage (non, Agatha Christie n'est pas du cosy mystery, entrez-vous bien ça dans le crâne), il semble finalement plus complexe qu'on l'aurait cru de cerner tout à faire ce qui constitue (et ne constitue pas) cette sous-catégorie du polar. Verso, tout nouveau label du Seuil consacré aux littératures de genre, propose de semer un peu plus le trouble sur le sujet en publiant la très méconnue (en tout cas de ce côté-ci de l'Atlantique) série Les mystères de Tante Dimity, cosy mystery vendu depuis sa publication en 1992 à plus de 1,5 millions d'exemplaires. Conscrite d'Agatha Raisin et apparemment aussi populaire que la revancharde quinquagénaire, Dimity Westwood nous invite ici dans une atmosphère bien différente. Une première édition française, passée inaperçue en 1996 chez Fleuve Noir sous le titre Un amour de cottage, avait relégué ce livre au rang des romances démodées et, apparemment, facilement oubliables. Verso lui donne une nouvelle jeunesse, avec en prime un titre et un visuel tous les deux bien plus fidèles au matériau d'origine.
 
 
    L'histoire est celle de Lori Shepherd, jeune américaine spécialiste en livres anciens, qu'on rencontre au bord de l'abîme. Orpheline suite au récent décès de sa mère, la jeune femme a depuis accumulé les coups de malchance et passe de taudis en logements insalubres à la recherche d'un travail suffisamment stable pour renflouer son compte en banque. Sa seule consolation ? Son lapin en peluche et ses souvenirs d'enfance, notamment les histoires farfelues inventées par sa mère, Les aventures de Tante Dimity, une Britannique fantaisiste à qui il arrive toutes sortes de péripéties dans une Angleterre de carte postale. Aussi quelle n'est pas la surprise de Lori d'être un jour contactée par un mystérieux office notarial et d'y apprendre que Tante Dimity, non contente d'avoir réellement existé, vient de décéder et a laissé un message à l'attention de la jeune femme. Amie de sa mère rencontrée outre Manche pendant la Seconde Guerre mondiale, Dimity Westwood est la véritable inventrice des aventures racontées à Lori pendant son enfance. Sa requête : que Lori vienne passer un séjour dans son cottage, en Angleterre, afin de consulter la correspondance que Dimity échangeait avec sa mère, dans le but de rédiger une préface aux Aventures de Tante Dimity, qui doivent être publiées prochainement. Alors que Lori s'envole pour le pays du thé et des bus à étage avec Bill, le fils du notaire, pour respecter les dernières volontés de Dimity, elle ne se doute pas encore des surprises qui l'attendent sur place, pas plus que du mystère qu'elle aura à résoudre.
 

    Parfaite lecture pour débuter l'automne, La mort de Tante Dimity est un roman sans prétention qui se savoure comme un thé réconfortant pour affronter la baisse des températures. Si on pourra discuter de la catégorisation au rayon polar, on veut bien reconnaître la justesse du propos revendiqué par l'équipe du label Verso : une enquête plus cosy que mystery. Voilà qui résume bien. L'univers, délicieusement fantaisiste, évoque une Grande-Bretagne archétypale comme on aime à la voire représentée à la télévision, une Angleterre fantasmée tout droit sortie d'une Nursery Rhymes comme l'autrice, américaine, a du en lire plus jeune. L'atmosphère presque magique du cottage de Dimity rappelle également quelques classiques de littérature de jeunesse anglaise comme L'apprentie Sorcière ou Mary Poppins, une ambiance facétieuse et désuète, mais incroyablement rassurante.
 

    Si la fantaisie s'invite progressivement dès la première partie du roman avec cet office notarial très britannique catapulté en plein milieu d'une ville américaine bétonnée, le fantastique fait une incursion évidente une fois qu'on suit nos personnages dans les Costwolds. Le cottage de Dimity y semble doué de vie propre, en plus de ne répondre qu'à la présence de Lori (les portes n'acceptent de s'ouvrir qu'à elle et le feu dans la cheminée, de ne flamber que si c'est elle qui tente de l'allumer). Si la maisonnette est hantée, c'est à l'évidence par un fantôme bienveillant, peut-être coincé entre les vivants et les morts parce qu'il lui reste quelque affaire à éclaircir... Piquée par la curiosité, Lori s'emploiera à résoudre le mystère. Il faudra pour cela remonter le cours de l'Histoire, aux origines de l'amitié de Dimity avec sa mère en plein Blitz londonien.
 

    Les personnages, furieusement attachants, parachèvent l'ambiance résolument cocooning de ce premier opus. La présence d'éléments fantastiques ne se révèle pas entièrement justifiée (l'intrigue pourrait tout-à-fait s'en passer sans empêcher la résolution du mystère) une fois le livre refermé et on a parfois regretté une construction un peu désordonnée, hasardeuse. Pour autant, La mort de Tante Dimity reste une lecture on ne peut plus agréable, aussi grâce à ses nombreux clins d’œil gourmands. La cuisine occupe en effet une part importante de l'intrigue et on peut retrouver les recettes retranscrites en fin d'ouvrage.

 
En bref : Ambiance cottagecore pour ce mystery décidément très cosy. Si l'on peut légitimement interroger la classification de ce livre au registre du polar, on se laisse rapidement gagner par le côté délicieusement cocooning de l'intrigue. L'Angleterre de l'autrice américaine Nancy Atherton est une Angleterre de carte postale façonnée par la fantaisie feutrée des Nursery Rhymes, aux archétypes faciles, mais dont on se régale littéralement. Venant titiller la fibre nostalgique du lecteur, ce premier opus parvient à séduire malgré quelques faiblesses. On lira avec curiosité le tome suivant. 

Un grand merci à Verso pour cette lecture !

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