samedi 21 décembre 2024

La maison aux 52 portes - Evelyne Brisou-Pellen.

Editions Pocket jeunesse / PKJ, 2000, 2017.
 
 
 
 
 
 
    Maïlys sent qu'elle devient folle. La vieille bâtisse où sa famille vient d'emménager cache un secret. Derrière les nombreuses portes de la maison, Maïlys entend des voix, croise des silhouettes surgies du passé. Quel message tente-t-on de lui transmettre ?
 
 
 
 
 
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    Sorti il y a plus de 20 ans, La maison aux 52 portes, devenu un classique discret mais reconnu de littérature jeunesse française, a bénéficié il y a peu d'une réédition sous le label "Trésor de lecture" des éditions PKJ. On se souvient l'avoir très souvent croisé sur les étagères des librairies et des bibliothèques, en cette époque lointaine où l'on était le cœur de cible. Les lecteurs successifs l'ont depuis beaucoup comparé au cultissime Coraline de Neil Gaiman, écrit deux ans plus tard – un argument suffisant pour exhumer notre vieil exemplaire de la PAL avant que la saison des esprits et des spectres ne prenne (vraiment) fin !


    Maïlys et ses parents s'installent dans une ancienne maison de famille, légué par un grand-oncle paternel avec l'obligation de venir y vivre. Cela arrange bien les parents de Maïlys, car ils viennent de perdre leur logement et leur situation professionnelle n'est pas des plus enviables non plus. Cette maison, c'est un cadeau tombé du ciel. Enfin presque. Car la gigantesque demeure de l'oncle Albert, surnommée dans le coin la "maison aux 52 portes", est plus proche de la ruine que de la maison de maître qu'elle était autrefois. La météo catastrophique les confinant à l'intérieur, la jeune fille et ses parents doivent faire sans eau courante ni électricité en même temps qu'ils se confrontent à la crasse et à la poussière. Et peut-être aussi à quelque revenant ? En effet, depuis leur emménagement, Maïlys est sujette à des hallucinations qui semblent la transporter dans une autre époque, comme des souvenirs qui ne lui appartiendraient pas, attachés à ces lieux. Ces visions semblent toutes converger vers Céleste, une grand-tante que l'histoire familiale aura voulu invisibiliser...
 

    Courte et fluide, cette lecture réjouira certainement les jeunes férus d'histoires de fantôme. Le sujet est assez rare en littérature jeunesse française pour qu'on le note, aussi La maison aux 52 portes fait-elle figure d'exception – ou du moins le faisait-elle certainement au moment de sa sortie. Époque oblige, on pense par moment à un Chair de poule, la qualité de la langue en plus. Les similitudes avec Coraline ne sautent pas tant que cela aux yeux, même si on peut reconnaître quelques éléments communs : l'emménagement dans une maison ancienne, des parents un peu trop terre à terre, et... une histoire de porte qui a son importance. Mais là où le roman de Gaiman s'amuse de clins d’œil à Lewis Carroll et d'une fantasmagorie délicieusement britannique, Evelyne Brisou-Pellen emprunte un chemin moins fantasque, mais pas forcément moins intéressant. Son propos, différent, est celui du secret de famille qui revient hanter les générations successives. La maison aux 52 portes est en cela une véritable intrigue transgénérationnelle où l'héroïne doit piocher dans les indices fournis par ses visions de quoi remonter l'histoire familiale pour lever le voile sur ce qui a été caché.
 

    Ce schéma narratif, plutôt courant aujourd'hui dans la fiction, s'avère pour les années 2000 (et encore une fois en littérature jeunesse) plutôt audacieux. A travers l'enquête de Maïlys, le roman fait remonter le temps au jeune lecteur pour l'inviter à  découvrir les traumatismes de la Première Guerre mondiale et ses impacts collatéraux sur la vie de ceux qui n'étaient pas sur le front. Il y a donc du potentiel dans cette Maison aux 52 portes, mais on ne cachera pas avoir grincé des dents à plusieurs reprises : si le fond est réussi, la forme fait malheureusement bien son âge. Tout va un peu trop vite, les raisonnements de l'héroïne sont souvent capillotractés (mais, ô surprise, toujours justes) et le dénouement est malheureusement un peu facile.
 

En bref : Souvent comparé à Coraline de Neil Gaiman, La maison aux 52 portes, roman jeunesse français paru en 2000, propose une intrigue de fond audacieuse sur les secrets de famille qui viennent hanter les vivants. L'histoire fonctionne et se lit sans déplaisir, mais l'écriture n'a malheureusement pas toujours bien vieilli et l'ensemble peut parfois sembler, plus de 20 ans après sa publication initiale, un peu facile et rapide. Un titre qui pourra cependant satisfaire les plus jeunes lecteurs.
 

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