dimanche 29 décembre 2024

Blanche-Neige - Texte d'après les frères Grimm, illustrations de Sophie Lebot.


Editions Lito, 2012.


    Un jour de plein hiver, alors que les flocons de neige tombaient du ciel comme un duvet léger, une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d'ébène et cousait. Tout en tirant l'aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu'elle se dit " Si seulement j'avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rouge que le sang et aussi noir que le bois de ma fenêtre ! "
 
 
 ***
 
 
    Il y a quelques années, on avait partagé notre avis sur le Blanche-Neige illustré par le talentueux Benjamin Lacombe. L'artiste au coup de crayon résolument burtonien avait donné au conte des frères Grimm une atmosphère visuelle gouvernée par les trois couleurs symboliques de l'histoire, immergeant ses personnages dans des décors immaculés de neige et de givre où tranchaient le noir des corbeaux et l'écarlate des pommes et des lèvres fardées. Deux ans après son talentueux confrère, l'illustratrice Sophie Lebot proposait sa propre mise en image de cette histoire ancestrale.
 

    Sophie Lebot, on l'a brièvement évoquée dans une sélection de lectures consacrées à la Belle et la Bête, dont elle avait illustré un album pour les mêmes éditions Lito. On a en revanche jamais eu l'occasion de parler plus avant de son travail, dont on est très admiratif. L'artiste, assez discrète, grande passionnée de textes et de contes, a mis en image de nombreux classiques pour des éditeurs jeunesse : Hansel et Gretel, Raiponce, Bambi, Poucette, ou encore Peau d’Âne. Son style bien à elle, tout en finesse et en motifs superposés, la rend très vite reconnaissable.
 

    Pour ce Blanche-Neige, elle privilégie tout comme son prédécesseur Benjamin Lacombe une atmosphère enneigée où les corbeaux et autres sombres volatiles ne sont jamais très loin. Associés au grand format de l'album, certains paysages immaculés donnent des impressions d'immensité qui captiveront le jeune lecteur. L'illustratrice s'amuse ainsi beaucoup avec les couleurs et les contrastes, la méchante reine se démarquant par ses cheveux d'un même blanc aveuglant sur des tenues lourdes et empesées aux tons criards.
 

    Les tissus et les textures semblent en effet toujours très réels malgré la simplicité du trait grâce à un audacieux jeu de superposition qui constitue très clairement la patte de Sophie Lebot : rideaux, tapis et robes sont ornés de motifs très certainement incrustés par montage informatique et qui donnent l'impression de pouvoir toucher le velours ou le damas rien qu'en caressant la page. Un effet "patchwork" qui donne un relief bienvenu et très agréable aux dessins.
 

    Pour le reste, le coup de crayon de Sophie Lebot pétille de malice : grands yeux de biche, petites bouches tantôt en cœur, tantôt dédaigneuses, ses personnages aux allures de lutins collent tout à fait à l'univers des contes de fées. Univers qu'elle n'hésite d'ailleurs pas à dynamiser de quelques détails inattendus ou anachroniques – à l'image des sept nains, qu'elle coiffe de cagoule en peluche, de bonnet de Davy Crockett ou de goggles d'aviateur.
 
 
    Le tout accompagne merveilleusement bien le texte original des frères Grimm, à peine abrégé ou modifié de quelques éléments. Cette version conserve en effet les trois visites de la sorcière à la chaumière des nains, mais élude la mort de la méchante reine au mariage de Blanche-Neige, peut-être considérée comme trop violente pour un très jeune lectorat.
 

En bref : Une mise en image pétillante et malicieuse du conte des frères Grimm. Sophie Lebot propose des illustrations rafraîchissantes et pleines de relief grâce à son talent pour associer les motifs et les textures à des images en 2D. Un très bel album à offrir aux plus jeunes.

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