Commençons nos festivités made in Phryne avec une gourmandise littéraire ; pour cela, retournons mettre le nez dans les premières pages du tout premier tome des Folles enquêtes de Phryne Fisher : Cocaïne et tralala (dont le titre VO, Cocaïne blues, est aussi celui de son adaptation télévisée). Jeune héritière résidant à Londres avec ses parents, Phryne Fisher retourne sur sa terre natale d'Australie pour résoudre un mystère à la demande de connaissances de sa famille pour venir en aide à une jeune veuve. Il faut dire que Phryne a déjà témoigné de talents de déduction et de réflexion dignes d'un détective au cours d'un vol de bijoux, l'exercice de ses capacités ayant achevé de convaincre qu'elle pourrait lever le voile sur la sombre affaire qui s'ourdit à Melbourne...
Un billet de voyage original de l'Orient (en haut) ;
le paquebot tel que représenté dans l'épisode Cocaïne blues (en bas)
Pour se rendre jusqu'à Melbourne, l'honorable Miss Phryne Fisher voyage à bord de l'Orient, un paquebot véridique qui faisait alors le trajet en une trentaine de jours (rappelons que le premier souhait de l'auteure Kerry Greenwood était d'écrire des ouvrages documentaires sur l'Australie des années 20 avant de recycler ses recherches pour des fictions policières). Au petit matin de son arrivée à Victoria dock, elle déguste dans sa cabine un breakfast tout ce qu'il y a de plus anglais en attendant de débarquer avec son amie le Dr Elizabeth MacMillan...
"Encore vêtue de son déshabillé, elle grignota un toast en contemplant sa garde-robe étalée, tel un pique-nique, sur toutes les surfaces planes de la cabine. Elle se servit une tasse de thé de chine et passa en revue ses tenues d'un œil critique.
Les prévisions météorologiques promettaient un ciel dégagé et une température clémente. Phryne faillit se laisser tenter par un ensemble Chanel en jersey de soie beige, puis hésita devant un manteau et une jupe plutôt audacieux en drap de laine rouge vif, et arrêta finalement son choix sur un ravissant costume marin rehaussé d'un col en piqué de passe-poils blancs. Avec sa bonne quinzaine de centimètres de plissé qui partaient des hanches, il ne pouvait rien avoir de choquant, même au vu des critères paroissiaux de Melbourne (...).
Elle se servait sa dernière tasse de thé quand un coup frappé à la porte la fit replonger dans les plis de son déshabillé (...).
— C'est Elizabeth!
Phryne ouvrit la porte ; le Dr MacMillan entra et prit place sur le fauteuil le plus confortable de la luxueuse cabine, le seul à ne pas crouler sous les vêtements.
— Nous serons à quai dans trois heures, ma petites... à en croire les dires de ce jeune commissaire de bord maniéré. Vous ne finissez pas ces toasts? Cette enquiquineuse, dans l'entrepont, nous a sorti son marmot à trois heures ce matin... à croire que les bébés exigent de naître aux heures les plus indues et de préférence pendant un orage... il y a chez les bébés quelque chose qui me semble lié aux forces élémentaires.
Pryne lui tendit le plateau – sur lequel trônait une assiette d’œufs au bacon intacte et plus de toasts qu'elle n'aurait pu en manger après une longue journée de famine – et regarda sa visiteuse avec affection."
Cocaïne et tralala, K.Greenwood, chapitre 2, éditions 10/18, 2006.
Toasts, œufs et bacon constituent la base du petit-déjeuner anglais (qu'on nomme également full english breakfast), celui-là pouvant aussi se compléter de bien d'autres mets tels que des haricots blancs à la tomate, des saucisses, des champignons frits, ou encore du boudin. Pour cette version servie en cabine, Phryne semble se satisfaire du minimum, généreusement arrosé de thé (comme on la comprend!). Véritable emblème de la Grande-Bretagne, le full english breakfast apporterait dans ses versions les plus complètes jusqu'à un tiers des besoins journaliers. Les œufs, traditionnellement cuisinés brouillés, frits, à la coque, ou encore sur le plat, sont accompagné du non moins traditionnel bacon. Le bacon, ce n'est en fait ni plus ni moins que du lard en tranche ou, comme l'origine française du même mot anglais le désignait déjà au Moyen-Âge, de la viande de porc fumée.
Malgré le caractère patrimonial qui lui est associé, l'english breakfast ne serait peut-être pas si ancien que cela. Son origine ne remonterait pas au-delà du XIXème siècle, avant que les Edwardiens ne lui donnent sa forme actuelle ; on imagine donc que sa coutume s'était largement imposée en 1928, alors que Phryne traverse les océans à bord de l'Orient...
Ingrédients (pour 4 personnes):
- tranches de pain blanc (à volonté)
- 4 œufs
- 8 tranches de bacon
- 3 cuillères à soupe d'huile d'olive
- sel
- poivre du moulin
A vos tabliers!
- Faire griller les tranches de pain au toaster.
- Pendant ce temps, faire chauffer l'huile à feu doux dans une large poêle. Lorsqu'elle est chaude, augmenter le feu et ajouter les tranches de bacon.
- Les faire griller des deux côté avant de casser les œufs au-dessus.
- Prolonger la cuisson jusqu'à ce que les blancs soient bien cuits, saler, poivrer, puis retirer du feu.
- Faire glisser les œufs au bacon sur une assiette et les servir chaud avec les toasts.
A déguster généreusement arrosé de thé (comme Phryne, on vous conseil un thé noir de chine, fumé de préférence), avant d'accoster ou tout simplement de commencer votre journée!
J'adore ! Voilà un petit déjeuner qui me convient parfaitement. :)
RépondreSupprimerJoyeux Noël !
Très joyeux Noël aussi, Mya! :-D
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