Horreur : Marion a surpris sa mère en train de
lire son journal intime ! Si c’est comme ça, elle aura deux carnets : un
rose, officiel, dans lequel elle sera sage comme une image… et un noir,
secret, où elle pourra enfin exprimer ce qu’elle a sur le coeur et
raconter sa vraie vie. Sauf que son personnage de petite fille modèle
devient vite difficile à gérer ! Comment faire pour inviter chez elle
une (prétendue) meilleure amie qu’elle déteste, ou organiser un
spectacle de théâtre… qui n’existe pas ?
Un roman drôle et décapant porté par une héroïne irrévérencieuse !
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Alors que vient de sortir la suite de ce roman paru chez Poulpe Fictions il y a déjà presque un an, on prend enfin le temps de sortir le premier opus de notre PAL. Le nom de l'autrice ne vous sera certainement pas inconnu : de Faustina Fiore, nous avons déjà lu et chroniqué les précédents romans, à savoir Les oiseaux noirs, mais surtout les deux tomes de la Famille Alonzi : Bobards et compagnie et Amours et compagnie (sans oublier ses nombreuses traductions de littérature jeunesse étrangère). Dans une interview qu'elle nous avait accordée en décembre 2022, elle nous parlait déjà de Marion et de son journal intime, sans savoir que son (anti) héroïne s'apprêtait à rencontrer un fort beau succès en librairie...
Marion est une peste, ça ne fait aucun doute ; le genre de gamine à faire de mauvaises farces aux enfants dans les parcs ou à piquer de l'argent dans le porte-monnaie de ses parents. Bon, pour autant, cela ne justifie absolument pas que sa mère lise en douce son journal intime, n'est-ce pas ? Car quand la préado au caractère bien trempé la découvre plongée dans ses confessions les plus intimes couchées sur le papier, elle concocte un plan diabolique : elle tiendra un double journal intime. Un rose, que lira sa mère, dans lequel elle se fera passer pour le parfait petit ange, et un noir, dans lequel elle continuera d'exprimer ses côtés les plus obscurs. Si sa petite affaire fonctionne assez efficacement au début, les choses se compliquent progressivement : s'étant inventée une nouvelle meilleure amie d'une camarade de classe qu'elle déteste, comment faire lorsque sa mère lui propose de l'inviter à passer une nuit à la maison ? Quand à l'atelier théâtre fictif qu'elle utilise comme couverture pour sortir en douce, comment retomber sur ses pattes maintenant que sa mère (encore) insiste pour venir la voir jouer sur scène ? Tout semblait pourtant si simple...
Avec le personnage de Marion, Faustina Fiore confirme son goût (et son imagination) sans fin pour les enfants facétieux et débrouillards. Ici, son héroïne est peut-être un cran (plusieurs ?) moins bien intentionnée que la fratrie Alonzi, toujours désireuse d'aider son prochain. Marion, elle, pense avant tout à sa poire – et après elle le déluge ! Marion est drôle, mais Marion mériterait aussi quelques baffes. Pourtant, on adore très rapidement la détester, peut-être aussi parce qu'elle incarne tout ce à quoi on ne se serait pas laissé aller enfant, parce que c'était mal. En cela, cette proche cousine de Mortelle Adèle a quelque chose de jubilatoire !
Comme dans les romans de La famille Alonzi, l’héroïne de Faustina Fiore se met ici dans de beaux draps et tout l'enjeu du livre tourne autour de la question suivante : Marion va-t-elle réussir à retomber sur ses pattes ? Malgré les aspects les plus insupportables du personnage, on en vient finalement à espérer qu'elle s'en tire indemne. Si l'on se doute qu'elle finira par entrer dans le rang à vouloir composer entre vrai et faux journal intime, on brûle d'envie, à la lecture, de découvrir par quelles astuces ou pirouettes.
Toute la facétie de cette histoire est parfaitement mise en image par les illustrations cartoonesques de Sess, dont les dessins et graffitis ornent ce livre mis en page à la façon d'un journal intime stabiloté ici ou là de rose fluo sur fond de feuille à carreaux. Un format qui n'est pas sans évoquer Journal d'un dégonflé ou Journal d'une peste, deux séries face auxquelles Les journaux (pas si intimes) de Marion mérite largement son succès.
En bref : Deux journaux intimes et une gamine au caractère bien trempé sont les éléments fort de ce livre aussi tordant qu’irrévérencieux, habilement mis en image pas Sess. Avec Marion, on retrouve toute la fantaisie qui faisait déjà le sel des précédents ouvrages de Faustina Fiore.
Salut Pedro ! J'ai tellement adoré la famille Alonzi que je suis Faustina Fiore les yeux fermés pour celui-ci !! :-) Bonne fin de semaine !
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