vendredi 16 octobre 2015

La main de la nuit - Susan Hill

 The small hand ; A ghost story, Profile Books, 2010 - Editions de l'Archipel, 2014 - Editions Archipoche, 2015.

  « C’est alors que je sentis une petite main se glisser dans ma main droite, comme si un enfant s’était matérialisé à côté de moi dans l’obscurité pour s’en saisir. Elle était fraîche et ses doigts se replièrent avec confiance dans ma paume. Nous restâmes ainsi pendant un moment, ma main d’homme serrant la toute petite main. Mais l’enfant était invisible… »
Adam Snow, un libraire de livres anciens se perd dans la campagne anglaise et se retrouve dans le jardin d’une propriété qui semble abandonnée. Là, il ressent cette présence, menaçante…
  
  Roman fantastique, histoire de fantômes… Un conte dans la veine de La Dame en noir, un classique de la littérature anglaise.

***

  Si le nom de Susan Hill ne vous est pas inconnu, c'est qu'elle est l'auteure du célèbre roman La dame en noir, à l'origine du film avec Daniel Radcliff. Lu et chroniqué sur ce blog il y a quelques années, ce roman m'avait beaucoup plu et j'avais hâte de découvrir un nouvel ouvrage de cette grande écrivaine, aujourd'hui reconnue comme étant la Reine du roman gothique contemporain. Après m'être fait vanté les mérites de cet ouvrage par Mya, les éditions de l'Archipel ont eu la gentillesse de me le faire parvenir dans le cadre de notre partenariat...

Trailer du livre pour la sortie en VO.

  Contrairement à La dame en noir qui nous plonge dans une époque victorienne furieusement suggestive en terme d'histoire de fantôme, La main de la nuit se déroule à notre époque. Et pourtant, le récit, très court, évoque presque une nouvelle à l'ancienne, tant dans son style que sa construction. C'est déjà une constatation que j'avais pu faire avec son précédent récit : loin de faire dans le pastiche, Susan Hill écrit d'une plume à la fois sobre et impeccable, ponctuant les rares passages d'action de longs extraits tout en lyrisme et en poésie. Aussi ne faut-il pas s'attendre à une avalanche de clichés qui nous fera frissonner ; l'auteure nous plonge dans l'intimité et les tortueux questionnements de son héro, en proie au doute face aux quelques bribes d'éléments quasi surnaturels qui se sont récemment immiscés dans son quotidien.

  Le doute plane, tant le fantastique s'invite par petites touches: est-ce réellement une manifestation surnaturelle? Le hasard? Des hallucinations? Puis, comme dans toute nouvelle fantastique gothique qui se respecte, les suppositions se recoupent petit à petit et conduisent à une chute sonnante et trébuchante qui, loin de nous faire sombrer dans l'effroi, instaure une douce poésie mêlée de mélancolie...

  J'ai lu sur de nombreux sites et plateformes littéraires que La main de la nuit avait été largement critiqué, amenant ainsi à des avis mitigés. Pour ma part, j'ai apprécié la juste dose (pour ne pas dire "homéopathique") d'éléments paranormaux vécus par ce personnage avec lequel on vit et ressent les choses de façon quasi-sensorielle, ajoutant au tout un réalisme saisissant.

En bref: Un roman gothique moins pastiche que le laisse à penser la renommée de Susan Hill. Avec La main de la nuit, l'auteure signe un roman qui s'inscrit dans la sobriété classique de ces nouvelles à l'ancienne et où doute plane jusqu'à une résolution implacable. Loin d'enchainer les stéréotypes horrifiques, ce court roman enchante de sa plume toute en ambiance et de sa douce mélancolie.
Un grand merci à L&P Conseils et aux éditions de l'Archipel pour cette découverte!

Et pour aller plus loin:


-Découvrez d'autres romans "fantômatiques" de Susan Hill:
  -L'ombre au tableau, ICI.
  - La dame en Noir, ICI

4 commentaires:

  1. Ficelle for ever19 octobre 2015 à 00:32

    Je ne suis pas ennemie du pastiche, bien au contraire, j'éprouve un vif plaisir à me plonger dans un récit dans le cadre est familier mais néanmoins dépoussiéré. Ainsi la Dame en Noir répondait parfaitement à mon goût pour les histoires de fantômes de Henry James. Mon seul reproche était que le prix de ce livre numérique était trop cher par rapport à la durée de cette nouvelle.

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    1. J'ai l'impression que c'est propre à cette auteure, d'écrire des histoires très courtes. Tous ses romans se lisent très rapidement (150 pages écrits en très gros formats, ça ne fait pas long feu).

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  2. Je suis contente qu'il t'ait plu. Tu en parles très bien. J'aime beaucoup la plume de Susan Hill. Elle arrive à créer une ambiance particulière, à nous faire douter. On se met dans la peau du personnage. Ca fonctionne très, très bien.

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    1. Oui, je suis d'accord : on vit totalement l'histoire à travers le personnage. Ses émotions, ses sensations, le moindre ressenti... ils deviennent tous les nôtres.

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