Marie-Antoinette
Correspondances privées
Une pièce d'Evelyne Lever,
mise en scène par Sally Micaleff.
Au théâtre du Lucernaire du 15 Mars au 7 Mai 2017.
Avec Fabienne Périneau.
Une manière unique de comprendre, dans toute sa complexité, le destin singulier de cette femme, avec en toile de fond une époque chaotique.
Ce texte,
écrit à partir de la véritable correspondance de Marie-Antoinette,
éclaire la personnalité de la dernière reine de France, nous introduit
dans son intimité, et nous révèle par quel cheminement cette princesse,
d'abord sentimentale et frivole, dépourvue d'expérience, manipulée par
sa famille autrichienne, se jettera à l'aube de la Révolution, dans
l'action politique et tentera désespérément de sauver la monarchie
française...
« Fabienne Périneau relève avec bonheur le
défi d'entrer dans l'intimité de cette femme devenue mythique, dans sa
complexité et son charme. » TÉLÉRAMA.
***
Une lettre de Marie-Antoinette.
Lorsque l'on m'a montré la superbe affiche de ce spectacle avec la proposition d'y aller à l'occasion de mon weekend d'anniversaire, je ne me suis pas fait prier bien longtemps : du théâtre, de la grandeur, de la décadence, le XVIIIème siècle, et un thème de choix en la personne de Marie-Antoinette, dernière reine de France aujourd'hui véritable icône. Quand on l'a découvert comme moi à l'adolescence dans le très pop et majestueux biopic de Sophia Coppola, on ne peut que voir sa curiosité éveillée : Evelyne Lever, l'auteure de cette pièce, n'est autre que la conseillère historique du film...
Pas de doute, ce sera donc une approche bienveillante de la reine, un de ces tableaux qui travaillent à réhabiliter son image entachée de la réputation de dépensière frivole qui lui colla à la peau toute sa vie et encore de nombreuses années au-delà. Sur scène, c'est la comédienne Fabienne Périneau qui interprète Marie-Antoinette dans l'intimité de son boudoir. Une méridienne et un secrétaire, voilà le seul mobilier, quant à la vêture princière, elle consiste en un simple corset et un jupon couleur crème. Dans l'espace privé de cette reine fastueuse apparait alors une réalité plus sobre que la reine dorée des portraits.
Lorsque la pièce commence, Marie-Antoinette, tout juste adolescente, vient d'arriver en France où elle est mariée au Dauphin, futur Louis XVI. C'est une jeune fille fougueuse encore enfant par bien des côté, surtout qu'elle ne sait trop quelle est sa place : celle qu'on lui donne? Celle qu'elle doit prendre? Les nombreuses missives de sa mère l'incitent à asseoir sa place de future Reine de France. Entre les courriers qu'elle lit, ceux qu'elle commente et les autres auxquels elle répond entre deux pauses alanguies sur sa banquette, cheveux en bataille et jupons en désordre, Fabienne Périneau restitue toute l'innocence de cette fillette jetée en pâture aux loups de la royauté française. Critiquée du simple fait qu'elle est étrangère, mise à l'écart des affaires du Royaume, la comédienne fait revivre la jeune fille solitaire mais passionnée prisonnière d'une cage dorée dont elle tâche de se satisfaire.
Puis, au rythme des années, des lettres, et des réponses, l'enthousiasme innocent et pétulant des débuts cède progressivement le pas à des ambitions féminines (et parfois féministes) plus prononcées, tandis que les affaires de la France, dont on la tient toujours à distance, projettent en même temps une ombre menaçante et palpable. Jusqu'à ce que le poids de la Politique et la marche de l'Histoire s'abattent brutalement sur la désormais femme, épouse, mère de famille, et Reine. Au fil de cette évolution, l'excellente comédienne seule en scène devient plus mature, plus grave, et donne vie à un portrait de femme particulièrement charismatique et courageux.
En bref : Un spectacle intime et émouvant dans le secret de la Reine la plus célèbre de France, porté par un trio de femmes -auteure, metteuse en scène, comédienne- qui lui font honneur. Une mise en scène sobre et élégante pour une pièce passionnée et très documentée.
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