dimanche 25 juillet 2021

Les cent un dalmatiens - Dodie Smith.

The hundred and one d
almatians, William Heinemann Ltd, 1956 - Plus on est de chiens... Hachette Jeunesse, 1960 - Les cent un dalmatiens, Gallimard jeunesse / folio junior (trad. de E.Gaspar), 1993, 2021.
 
 
   "Au secours ! Bébés dalmatiens volés ! Envoyer nouvelles à Pongo et Missis, Regent's Park, Londres." L'appel désespéré des parents dalmatiens a été entendu par tous les chiens du pays. Grâce à leur aide précieuse, Pongo et Missis découvrent bientôt l'horrible vérité : leurs enfants sont prisonniers de Cruella Diabolo. Ils devront déployer des trésors d'ingéniosité pour empêcher Cruella de réaliser son rêve : transformer en fourrure la belle peau blanche tachetée de noir des petits dalmatiens.
 
 
***
 
    Alors que l'été s'ouvrait sur la sortie annoncée et attendue de Cruella, film qui imagine la jeunesse de la grande méchante du long-métrage animé Les cent un dalmatiens, Gallimard a eu l'excellente idée de rééditer le roman à l'origine du célèbre film d'animation. Longtemps oublié au profit des novélisations simplifiées et épurées du scénario de Disney, cette œuvre phare de la littérature de jeunesse anglaise est pourtant de la plume de la célèbre Dodie Smith, à qui on doit également le grand classique Le château de Cassandra.
 
Dodie Smith, éternelle amie des dalmatiens...
 
    Comédienne mineure de la scène britannique avant de devenir dramaturge à succès dans le Londres des années 30, Dodie a grandi entourée de dalmatiens. C'est la mort de son chien Pongo puis l'adoption d'un couple de dalmatiens ayant donné naissance à une portée de quinze chiots d'un coup qui l'ont inspirée : véritablement amoureuse de ses animaux de compagnie, c'est pour leur rendre hommage qu'elle écrit en 1956 The hundred and one dalmatians, immortalisé cinq ans plus tard par Disney. Dans son roman, Dodie Smith met en scène un charmant couple, Mr et Mrs Dearly (ils passeront à la postérité à l'écran sous les noms de Roger et Anita Radcliffe), propriétaires de deux dalmatiens, Pongo et Missis, dont les quinze chiots sont convoités par la diabolique Cruella de Vil (Cruella Diabolo dans cette traduction, mais plus connue sous le nom légendaire de Cruella d'Enfer), une folle de fourrures qui souhaite s'en faire un manteau tacheté.
 
    Ce délicieux roman, adorablement vintage, permet de redécouvrir l'intrigue originale et donc les remaniements effectués par Disney dans le scénario de 1961 : dans le roman, Perdita est la seconde chienne achetée par le couple Dearly afin de seconder Missis dans l'allaitement des (nombreux) chiots ; dans les adaptations et novélisations ultérieures, les deux chiennes fusionneront en une seule et seul le nom de Perdita sera conservé. Le personnage iconique de Cruella présente également quelques caractéristiques oubliées des adaptations ; c'est d'autant plus dommage que le portrait qu'en dresse Dodie Smith permet d'en apprendre plus sur la vie et sur la psychologie de cette grande méchante par excellence.
 
L'actrice Tallulah Bankhead, modèle pour la Cruella de Disney...

    Seule héritière d'une longue dynastie, Cruella a épousé un petit homme insignifiant (son seul intérêt est d'être fourreur de métier), qui a pris le nom de son épouse lors de leur mariage afin que puisse se perpétuer la lignée des Diabolo / de Vil / d'Enfer. Cachectique et blafarde dans le dessin-animé, Cruella est ici une grande femme au teint mat à l'allure sculpturale d'une star de cinéma vintage. Toujours richement vêtue, elle évoque plus dans le texte que dans l'adaptation animée la charismatique Tallulah Bankhead, qui aurait inspiré le personnage à l'équipe d'animation de Disney. Parmi les traits physiques et de caractère conservés, la célèbre chevelure bicolore et sa conduite dangereuse dans les rues de Londres en font, déjà dans le livre, une antagoniste inoubliable.
 
Cruella, illustrée par Janet et Anne Grahame-Johnstone.
 
    L'écriture toute en légèreté de Dodie Smith, son ton très anglais et ses pointes d'humour toujours très spirituel donnent une saveur très particulière à ce roman : plus que l'histoire en elle-même, son style est un régal pour le lecteur. L'édition française a conservé les illustrations originales de Janet et Anne Grahame-Johnstone, deux sœurs artistes amies de Dodie ; ces dessins à l'encre d'une finesse surannée et saturée d'élégance met merveilleusement bien en relief la plume de la romancière et accentuent le charme de ce grand classique.
 
 
 
En bref : Un grand classique de la littérature jeunesse anglaise qui mérite d'être redécouvert pour son ton délicieusement suranné et le charme de ses personnages. Il est un de ces romans précieux qu'on transmets et qu'on se doit de lire à voix haute devant un auditoire d'enfants émerveillés, pour le plaisir de la langue et de leurs yeux qui pétillent. 
 
 

*


1 commentaire:

  1. Hello Dear, it's me, Pouchky.

    Les 101 dalmatiens est mon Disney fétiche, le DVD qu'on met les yeux fermés (c'est bête ce que je viens d'écrire) et qu'on sûr d'apprécier. Et c'est toujours la tasse des 101 que je choisis quand on prend le thé chez qui tu sais.
    En revanche, je n'avais pas vraiment apprécié l'autre livre célèbre de Dodie Smith, le château de Cassandra, pourtant encensé depuis des générations et considéré comme un classique contemporain, incontournable chez les amoureux des romans anglais. Je n'ai pas été transportée par le texte (la traduction?) ni par les thèmes ou les personnages. Et comme je suis malgré tout de mon époque, j'ai du mal à m'émerveiller devant les fourrures, car en ces temps de peste, de vaches folles, d'artificialisation des sols, de pesticides, de disparition d'espèces...le fait de chasser ou de produire des animaux à éplucher pour en faire des manteaux, ben non, quoi.

    RépondreSupprimer