Violet, Robin, Astor et Lee-Anne sont Apprentis à l'Institut
Saint-Ange. Cette école les forme à devenir les prochains Gardiens de
Nécropolis, la cité où sont enterrés des milliers de morts qui n'ont pas
trouvé le repos.
Leur scolarité se passe sans accroche jusqu'au jour où
une menace, bien plus terrible que les morts-vivants qu'ils ont
l'habitude de combattre, s'abat sur eux...
Suspense, aventure et magie dans un cadre gothique surprenant : une ville-cimetière !
***
On l'a dit cet été : on s'est fait livrer toute une cargaison de romans de Fabrice Colin. L'avantage avec un auteur à la bibliographie aussi fournie que la sienne, c'est qu'on redécouvre sans arrêt des titres à côté desquels on était passé au moment de leur publication. Nécropolis est de ceux-là : avec son titre évocateur, son cimetière en couverture et la dimension gothique suggérée par le résumé, on peine à croire que ce livre nous ait échappé. Fort heureusement, il n'est jamais trop tard.
Le royaume de Ravenor est l'objet d'une funeste malédiction : depuis plusieurs décennies, les morts sortent de leurs tombes, et c'est à un défilé sans fin de squelettes, zombies, spectres et esprits frappeurs plus ou moins bien intentionnés qu'on assiste au quotidien. Afin d'endiguer ce mal d'origine inconnue, on a prévu une cité bâtie en bord de mer et cernée d'un haut rempart et de tours de garde pour y acheminer toutes les sépultures : Nécropolis. Une ville-cimetière où ceux qui y vivent comme en quarantaine sont missionnés pour renvoyer à la poussière fantômes et morts-vivants. Pour ce faire, une école forme les futurs Gardiens, les professionnels chargés de cette très sérieuse fonction : l'institut Saint-Ange, gigantesque bâtisse gothique construite à flanc de falaise non loin de Port Mungo, où l'équipe pédagogique entraîne ses jeunes élèves à utiliser la Vertu, sorte de magie locale héritée des temps anciens, pour lutter contre les revenants. Parmi les apprentis, un quatuor composé de membres singuliers se démarque du lot : Robin, cadet d'une famille de Gardiens de génération en génération, Astor, jeune surdoué incollable sur l'Histoire de Nécropolis, Violet, la fille adoptive du directeur de l'institut, et Lee-Ann, protégée au caractère bien trempé de l'auguste famille Usher, les bienfaiteurs de Nécropolis. Ces quatre-là ne seront pas de trop pour affronter la menace qui plane sur la ville et à laquelle personne n'est préparé...
Passée presque inaperçue à sa publication, Nécropolis n'en reste pas moins une très jolie pépite, une de ces lectures qu'on aurait adoré découvrir plus jeune. OVNI comme seul l'auteur sait en imaginer, ce premier tome nous propose une immersion dans un univers qu'on n'aurait pas forcément cru adapté à un jeune lectorat – mais ce serait oublier un fait pourtant évident : les enfants adorent se faire peur (c'est d'ailleurs toujours notre cas, en grand enfant que l'on est). Avec sa ville-cimetière et ses différentes catégories de morts venus fouler le sol des vivants, on pourrait craindre, aussi, que le texte sombre dans une abondance de macabre. Il n'en est rien : sans jamais se départir de l'atmosphère mystérieuse et inquiétante qui sied à ce type d'intrigue, Fabrice Colin sait suffisamment manier le fond et la forme pour rendre son univers accessible.
D'autant que ce premier tome joue principalement le rôle d'exposition : il faut planter le décor nécessaire à la compréhension de l'histoire, transmettre au lecteur tous les codes – du vocabulaire technique propre à Nécropolis à la mythologie qui régit son fonctionnement. On se régale ainsi au passage des clins d’œil littéraires ou folkloriques, notamment les références à Edgar Poe qui donnent à cette saga des allures de Mercredi avant la lettre (et en bien mieux écrit). Probablement contraint à un nombre de signes prédéfini (relativement à la tranche d'âge visée), l'auteur se voir obligé de concentrer un maximum d'informations dans un minimum de pages et utilise tous les subterfuges possibles (un examen de connaissances à l'institut Saint-Ange permet par exemple, à travers les copies rendues par les élèves, d'avoir un compte-rendu détaillé de l'Histoire de la cité). Ce tome 1 est donc principalement informatif, même si des scènes d'action ou quelques révélations s'intercalent pertinemment ici ou là afin de maintenir éveillée l'attention du lecteur. L'auteur parvient ainsi à nous tenir en haleine jusqu'à la fin en cliffhanger, attisant notre curiosité quant à la suite de la saga.
Mais plus encore qu'une simple bonne idée d'intrigue, Nécropolis, c'est aussi une écriture ciselée et des personnages attachants. Le style de Fabrice Colin y est reconnaissable, sans que l'on soit cependant en capacité de dire à quoi cela tient : une sensibilité particulière, une certaine poésie dans les descriptions, quelque chose qui saisit et retranscrit au plus juste ce qui fait le sel du réel et qui donne à tous ses écrits de fantasy un petit supplément d'âme. Dans cette même idée, ses personnages ont toujours quelque chose de vrai et dépassent leur existence de papier pour chuchoter à l'oreille du lecteur. Il s'agit certainement du fruit de l'expérience, mais nous, on préfère y voir un très joli sortilège.
En bref : Un premier tome qui vise principalement à poser le décor, mais qui n'en reste pas moins excellent. Fidèle à lui-même, l'auteur parvient ici à donner vie et sens à un univers de fantasy gothique où s'entrecroisent clins d’œil littéraires et idées de génie. On pourrait penser à un savant mélange d'Harry Potter et Ghostbusters, mais ce serait réduire le travail de Fabrice Colin à un cocktail de références mainstream alors qu'il est bien plus que cela...

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