vendredi 25 mai 2012

Le journal de Peter - Sébastien Perez & Martin Maniez

Éditions Milan Jeunesse, 2009.

Londres, fin du XIXème siècle. "Maman, je ne sais pas pourquoi je suis ici. Ça ressemble à une de ces maisons où les enfants attendent leurs parents. La surveillante m'a simplement amené dans cette grande chambre. Elle m'a laissé une couverture, un oreiller et un cahier. Elle m'a conseillé d'y écrire toutes mes pensées, pour aider ma mémoire à revenir. Elle m'a appelé Peter...mais je pense que ce prénom, elle l'a inventé."
Peter, un jeune orphelin, raconte sa vie dans son journal intime. Dans un monde trop triste et trop gris, il s'invente bientôt un univers peuplé de fées, de pirates et d'Indiens... et devient le célèbre Peter Pan !





Il y a quelques temps, j'avais raconté dans un article qu'au mois de Mai de chaque année, je m'offrais une lecture sur Peter Pan ou l'univers de James Barrie pour célébrer mon anniversaire. 2012 n'a pas fait exception à cette coutume et j'ai cette année découvert ce très bel album pour mes 21 ans. Il me faisait de l'oeil depuis sa sortie, pour tout vous dire, car l'apparence du livre justifie à elle seule l'achat de l'ouvrage: D'un format plutôt moyen et peu courant pour un album, sa reliure est couverte de toile à la façon d'un ouvrage ancien et l'illustration est imprimée sur un papier glacé épais du type photo, collé sur la couverture. Le tout est très agréable à l'oeil mais aussi au touché et donne vraiment l'impression d'un vieux journal (impression renforcée par quelques fausses taches d'encre et autres salissures factices). L'intérieur a ce même aspect authentique et se présente comme un très ancien album dont le rédacteur aurait couvert les pages de dessins, d'esquisses, d'écrits, mais aussi de photographies (directement collées sur le papier ou rangées dans des enveloppes que l'on peut ouvrir à sa guise) et de coupures de journaux. Sans être un livre "pop-up", ce superbe ouvrage est donc à mi-chemin entre l'album et le livre-objet, un petit bijoux délicat et franchement bien fait!


L'histoire n'est pas à proprement parler une réécriture du conte de James Barrie mais une sorte de prequel qui propose ce qu'a pu être la vie de Peter avant qu'il deviennent "l'enfant qui ne grandit pas" et rejoigne Neverland, le Pays Imaginaire. D'autres auteurs se sont employés à imaginer quel a pu être le passé de ce héros, le plus connu étant Régis Loisel, qui, dans sa bande-dessinée Peter, en avait fait un gamin des rues livré à lui-même dans un Londres sale et répugnant. Bien que le ton de cet album soit beaucoup moins sombre (car destiné à un public jeune), il m'a semblé que Sébastien Perez, sans pour autant "plagier", a été quelque peu influencé par Loisel et son image de Peter orphelin très Dickensienne.


Sans être réellement et totalement déçu par ce nouveau regard sur Peter, j'avoue néanmoins lui préférer ce que j'ai pu lire les années précédentes (Le roman original de Barrie, forcément, mais aussi la suite dite "officielle", ainsi qu'un roman sur la jeunesse de Hook). Peut-être le public visé et le format album expliquent-ils le fait qu'il y ait peu de texte et qu'il reste très simple, voire simpliste, mais cela m'a tout de même un peu frustré et je m'attendais à une écriture plus profonde et plus forte en émotion. L'histoire n'en reste pas moins agréable à lire et l'entreprise de l'auteur est tout à fait honorable: on sent une passion pour l'univers de Barrie et cela suffit à rendre cet ouvrage touchant, mais je pense juste que la vision qu'a Perez du personnage ne correspond pas à l'image que je me suis forgée et appropriée de Peter Pan. Cela vaut pour les illustrations de Martin Maniez: le visuel est superbe, incontestablement, et l'artiste a fait un travail formidable pour restituer l'atmosphère sombre des rues du Londres victorien, mais l'apparence des personnages (Peter en particulier, une fois qu'il a son "costume") m'évoquait un peu trop la version de Disney...


Cependant, j'ai également beaucoup aimé certains choix scénaristiques, notamment la façon dont le fantastique s'invite dans l'histoire: Peter ne découvre pas Neverland du jour au lendemain, mais les éléments qui le constituent apparaissent petit à petit. Ce sont tout d'abord des détails dans les textes ou les images (Hook troque peu à peu son costume de marin contre celui du pirate, puis on finit par s'apercevoir qu'un crochet à remplacé sa main, etc...) qui, une fois tous réunis, font prendre conscience au lecteur qu'en l'espace de quelques dizaines de pages (et sans qu'il en prenne vraiment conscience), Peter l'orphelin est devenu Peter Pan, et le Londres du XIXème a cédé sa place à Neverland. Cette lente transformation m'a donné le sentiment que le Pays Imaginaire que l'on croit bien réel dans le livre de Barrie, est ici une sorte de jeu de "faire semblant", un univers fictif dans lequel Peter et ses amis se réfugient pour fuir la réalité quotidienne mais auquel ils finissent par croire dur comme fer.

En définitif, bien que cet ouvrage ne soit pas mon livre préféré sur l'univers de Peter Pan, il reste un très bel album, une réussite du point de vue de son visuel et de sa conception, et dont le point fort est très certainement la subtilité de l'histoire dans la façon dont est introduit Neverland.

2 commentaires:

  1. Waouh il a l'air vraiment superbe ! Et hop, sur ma wishlist !

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    1. Oui, c'est un très bel album! Même si l'histoire ne m'a pas totalement convaincue, je suis bien content de l'avoir dans ma bibli! =D

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