samedi 7 novembre 2015

Blackwood, le pensionnat de nulle-part - Lois Duncan

Down a dark hall, Little, Brown & company, 1975, 2011 - Editions Hachette, collection Blackmoon (trad. de L.Rigoureau), 2015.

  A l’instant où elle pose les yeux sur l’imposant manoir gothique de Blackwood, le pensionnat où elle va passer l’année, un sentiment d’angoisse s’empare de Kit. Comme si un vent glacé traversait son cœur à chaque pas effectué vers la porte. Comme s’il y avait quelque chose de maléfique à l’intérieur des murs du pensionnat, perdu au milieu de nulle part. Lorsque d’étranges phénomènes viennent perturber son quotidien et que les trois autres pensionnaires se mettent à développer des talents artistiques incroyables, le malaise de Kit ne fait que s’intensifier. Hantée par une mélodie de piano, elle devient somnambule et aperçoit d’étranges silhouettes dans les couloirs sombres. Bien décidée à mener l’enquête, Kit découvrira que certains secrets feraient mieux de rester enfouis… car ils dépassent tout ce que la raison peut appréhender.

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  Ah, comme j'aime que les échanges entre blog nous poussent à découvrir des ouvrages qui ne nous intéressaient pas au départ! Alors que ce Blackwood n'éveillait chez moi aucune curiosité, la très bonne critique de Mya's books m'a récemment fait revoir mes impressions et incité à tenter la lecture. Découverte idéale pour finir la saison des ouvrages d'Halloween!

 Quelques couvertures de la première édition...

  Car ce fut une agréable surprise que ce roman, débordant de ces éléments que j'affectionne dans les intrigues fantastiques : manoir gothique, apparitions fantomatiques, et pour couronner le tout, atmosphère de pensionnat à la private boarding school comme je les aime! Et si Blackwood n'est pas sans un petit côté classique (parfois même gentiment "daté", pourrait-on dire), ce n'est pas surprenant puisque le roman date de... 1974! Mais comme nombre de livres déjà parus depuis quelques décennies, Down a dark hall (titre original) présente de nombreuses qualités et méritait bien une réédition.

 ""Au loin, sur une éminence, se dressait une demeure que même ses rêves les plus étranges n'auraient pu lui dessiner..."

  Réactualisé en 2011 par son auteure, Down a Dark hall s'est juste vu complété de détails contemporains pour moderniser l'histoire : téléphones portables, ordinateurs, internets... mais outre ces quelques détails ( qui disparaissent bien vites pour bloquer nos personnage dans un huit-clos complètement coupé du monde, on est bien dans un roman d'horreur, on vous rassure), le reste du texte a été conservé. Cela explique peut-être l'aspect parfois désuet de certains dialogues ou l'usage de codes et éléments classiques ( portes qui claques, grincements effrayants, musiques fantomatiques en nocturne, etc...). Mais peu importe, l'ensemble fonctionne à merveille et sert un dénouement très très original : je vous mets en effet au défi, malgré ces codes très conventionnels, de deviner ce qui se trame réellement à Blackwood!

 "L'escalier dessinait une volute. En haut, un gigantesque miroir mural semblait doubler la surface du palier. C'est à cet endroit que donnait le vitrail aperçu sur la façade, et les rayons du soleil couchant baignaient les lieux des teintes de l'arc-en-ciel."

  Les personnages sont quant à eux plutôt bien dessinés et l'héroïne est particulièrement crédible en jeune adolescente, à la fois perplexe et perspicace face au mystère dans lequel elle se trouve immergée. J'ai particulièrement apprécié la vigueur et le ton caustique avec lesquels elle se laisse emporter dans le dernier tiers lorsque, ayant mis à jour les secrets du manoir, elle met en oeuvre tout son sang froid pour en sortir...

 "La pièce était bien plus raffinée que tout ce qu'elle avait pu imaginer. Le plus gros meuble était le lit au bois sombre sculpté d'un haut baldaquin d'un velours rouge luxueux. Un chevet supportait une lampe ornementée à abat-jour froncé. De lourdes tentures dorées flanquaient  la croisée et, le long du mur opposé, se dressait une commode en noyer au-dessus de laquelle était suspendu un miroir ovale encadré d'argent. Un tapis persan dissimulait le plancher."

  Un roman jeunesse (plutôt que young adult) que j'aurais probablement adoré à 14 ans! Il est donc à découvrir et faire découvrir avant sa transposition prochaine au cinéma. Stephenie Meyer (auteure de la saga Twilight), qui était une grande fan de ce roman dans son adolescence, a en effet racheté les droits du livre et prépare son adaptation en tant que productrice...

 Réédition américaine de 2011 et édition tchèque.

En bref : Un roman d'horreur jeunesse très sympathique qui mêle habilement éléments classiques et idées originales. Une histoire de pensionnat hanté qui fonctionne très bien malgré ses 40 ans passés et qui méritait bien d'être rééditée. A découvrir!

 

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