vendredi 18 mars 2016

Audrey Hepburn, la vie, et Moi - Lucy Holliday

A night in with Audrey Hepburn (Libby Lomax #1), Harper Publishing, 2015 - Editions Mosaïc (trad. de C.Benton), 2016.

  Quand elle touche le fond, Libby Lomax connaît un remède imparable : se rouler en boule dans son canapé pour savourer un de ces films hollywoodiens dont elle est une fan inconditionnelle.
Son icône absolue ? L’exquise Audrey Hepburn.
Son film préféré ? Diamants sur canapé…
De la pure magie…
  C’est justement un de ses jours « sans » qu’une chose totalement folle se produit : Audrey Hepburn sort de l’écran ! Une Audrey Hepburn parée de sa petite robe noire, de ses perles et de son fume-cigarette. Venue aider Libby à relancer sa vie en lui prodiguant conseils d’élégance et d’art de vivre.
                               Hallucination ?
                               Bonne fée ?
                               … ou charmante calamité ?

Entre conseils, confidences et coups de gueule, une relation loufoque et tendre entre Libby, jeune femme en quête de confiance en elle, et une Audrey Hepburn tombée du ciel étoilé d’Hollywood, fidèle à son mythe mais rendue plus humaine encore et plus amusante par ses maladresses.
Car toute star qu’elle soit, Audrey ne peut débarquer à notre époque sans être… un brin décalée. 

***
  Certains feront certainement des yeux ronds comme des soucoupes à le vue de cette lecture pour le moins surprenante. Mais comme je l'ai déjà dit, j'aime à essayer plusieurs genres (même les plus inattendus) pour peu qu'un élément attise ma curiosité, et c'était le cas lorsqu'on m'a proposé ce partenariat. Car s'il s'agit bien d'un roman chick-litt' pure jus, reconnaissons que le résumé laisse deviner un concept on ne peut plus original : invoquer l'esprit d'Audrey Hepburn pour jouer les bonnes fées marraines...


  Depuis sa plus tendre enfance, Liberty "Libby" Lomax suit son ambitieuse de mère et sa starlette de petites sœur de castings en tournages. Alors que sa cadette obtient tous les rôles titres et devient le stéréotype de l'actrice bimbo écervelée, Libby, elle, peine tout juste à décrocher les contrats de figuration. Devenue une adulte discrète, trop ronde à son goût et mal dans sa peau, Libby enchaîne les gaffes ; la dernière en date? Foirer son premier contrat de rôle parlant à la suite d'une maladresse rédhibitoire ( ou la rencontre d'une cigarette et d'un costume d'extra-terrestre inflammable sur le tournage d'une série à succès à la Doctor Who). Pour se remonter le moral, Libby se lance dans l'investissement de son tout premier "chez elle", un studio qu'elle décore grâce à du mobilier vintage, récupéré dans les stocks des studios de Pinewood. Mais à peine un énorme canapé chesterfield livré chez elle, qu'elle y trouve confortablement installée son idole d'enfance : Audrey Hepburn! Aussi belle, jeune et imperturbable que dans ses films d'antan, l'apparition devient au fil du quotidien mouvementé de Libby une conseillère de choix, quand ses recommandations ne se confrontent pas aux réalités au monde moderne pour entrainer de nouvelles gaffes monumentales. Craignant en même temps d'être victime d'hallucinations, Libby essaye tant bien que mal de trouver une explication rationnelle aux apparitions intempestives de la célèbre star.

 Vends Chesterfild kitsch, livré avec fantôme d'Audrey Hepburn...

  Alors, que dire de tout cela? Le premier quart du livre m'a quelque peu déstabilisé (bon, disons carrément : déçu et ennuyé). Bien sûr, il y avait quelques passages drôles, mais le tout était tellement... tellement... bon, tellement chick-litt. Et là, vous me direz que je savais pourtant dans quoi je mettais les pieds, mais je tiens à rappeler que certains ouvrages du genre avaient réussi à sortir du lot, à l'image du Diable s'habille en Prada ou même de Bridget Jones. Or, là, les codes de la comédie girly semblaient "trop" respectés, pour ne pas dire à outrance, au point d'en devenir des écueils.


  Puis arrive Audrey. Lorsqu'elle apparait un soir sur ce vieux chesterfiled kitsch pour causer cappuccino et coupe de cheveux avec notre anti-héroïne, l'histoire très banale de départ prend soudain un tournant plus intéressant, et aussi plus subtile. Certes, la comédie girly telle qu'évoquée plus haut se poursuit, avec ses immanquables stéréotypes parfois répétitifs et très convenus, mais, MAIS... Mais au milieu de tout ça, il y a Audrey. Audrey en robe noir et diamants comme dans Breakfast at Tiffany's ou Audrey en chemisette et foulard sortie de Vacances Romaines. Toujours légère, pétillante, imperturbable et en même temps presque délicieusement candide et enthousiaste face aux technologies modernes qu'elle découvre entre deux bons (ou mauvais) conseils. Mais plus qu'un cliché sorti de l'écran ou qu'un symbole hollywoodien, Audrey vient rappeler qu'elle n'est elle-même pas si éloignée de Libby : Avant de devenir l'icône qu'on adule aujourd'hui, Audrey était avant-tout une artiste simple et discrète, au parcours familial et personnel douloureux, qui avait eu aussi à imposer un physique inhabituel sur la scène du cinéma (brune et frêle, en totale opposition avec les canons de beauté de l'époque, blondes et pulpeuses). Une femme bien plus commune qu'on ne le croit...


  S'en suivent alors quelques passages justes drôles ; vraiment drôles, et dans la bonne mesure. La fin est en revanche un peu décevante, comme si l'auteure avait choisi un cliché plutôt qu'un autre face aux deux dénouements sentimentaux qui se profilaient. On peut y voir aussi une fin ouverte puisqu'en Angleterre, ce roman est le premier d'une trilogie dont on peut donc espérer voir les autres tomes traduits, aussi pour apprécier une possible évolution dans le travail d'écriture. D'ailleurs, malgré les défauts de ce premier roman tout juste sauvé par la présence inattendue et originale d'Audrey Hepburn, je me dis que le concept ferait un film très sympathique (et je visualise déjà l'actrice Paulie Rojas incarner Audrey Hepburn, dont elle a déjà joué le rôle au théâtre).

 Paulie Rojas, qui ferait une parfaite Audrey...

En bref: Un roman chick-litt qui souffre parfois d'être un peu trop chick-litt. Audrey Hepburn, la vie, et moi n'évite pas les stéréotypes du genre mais parvient à jouer d'un concept original pour faire la différence :  l'apparition inattendue d'Audrey Hepburn, en bonne fée de cette version moderne de Cendrillon, ajoute une touche rafraîchissante et pétillante qui a le mérite d'être réussie. Et en plus, cela donne envie de se refaire toute sa filmo! ;)

Merci à LPConseils et à Mosaïc pour cette découverte.

3 commentaires:

  1. Ficelle for ever21 mars 2016 à 02:49

    Hou là! Je passe mon tour, ce genre de truc n'est vraiment pas pour moi.

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  2. Bon, je ne sais pas si je tenterai mais l'idée de départ est pourtant sympathique... Bonne soirée Pedro ! :-)

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    1. En effet, et c'est justement cette idée de départ très original qui m'a poussé à essayer la lecture. Bon après, je ne me suis pas du tout reconnu dans le lectorat visé, mais au moins j'aurais essayé juste pour la curiosité ^^

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