Noël approche en cette année 1899 lorsque Elizabeth Huntly, fille de
cuisine dégourdie et créative, remplace la cuisinière de
l’aristocratique famille Hewes, qui vient d’être victime d’une chute. Christmas Pudding, entremets vanille, consommé au stilton : dans la
liste des ingrédients ne figure aucun meurtre. Et pourtant… Sortie fumer
discrètement un cigare au jardin, Beth découvre le corps d’une femme,
poignardée avec un kriss malais appartenant à Lord Hewes. Mais c’est
Rajiv, le valet indien amant de Beth, qui est embarqué par la police :
un coupable bien commode… Beth se retrouve malgré elle en première ligne pour éclaircir la situation… et sauver sa place. Quitte à risquer sa vie.
Prenez
une enquête atypique menée par une cuisinière au grand cœur ; ajoutez-y
le passionnant combat des suffragettes de l'Angleterre victorienne.
Vous obtiendrez un savoureux polar... à déguster.
***
Qu'il s'agisse de certains récits historiques de Mary Hooper, des romans Mary Reilly, Albert Nobbs, ou même des ouvrages de jeunesse Rose d'Holly Webb et de l'enthousiasmant Sauver Noël de Romain Sardou, j'ai toujours adoré les livres qui nous plongent dans le quotidien de la domesticité - en particulier des grandes maisons victoriennes. Alors quand ce roman m'a été offert sous le sapin l'an dernier, j'y ai vu un ouvrage a présenter absolument au prochain challenge Christmas Time et l'ai précieusement conservé pendant un an...
Couverture de la première édition chez Marabout et couvertures alternatives inédites.
" Il est des informations qu'un domestique se doit de garder pour lui. Si
nous racontions toutes les frasques de nos employeurs, toute la bonne
société anglaise se déliterait en un clin d’œil. Nos patrons sont
d'excellents donneurs de leçons, mais il est rare qu'ils se les servent."
L'auteure qui se dissimule derrière le pseudonyme d'Anne Beddingfeld n'est ni plus ni moins que la très française Anne Martinetti, éditrice mais aussi auteure sous son vrai nom de nombreux ouvrages de cuisines adaptés d'univers polarisants (recettes inspirées d'Hercule Poirot ou Sherlock Holmes) et de livres consacrés à Agatha Christie. Est-ce ce patronyme très anglophone qui lui confère comme par magie le talent d'une romancière anglaise, ou ses lectures et sa passion pour le polar britannique ont-ils suffi à alimenter sa plume? Toujours est-il qu'à aucun moment on imagine que cette intrigue tellement so british est racontée par une française pure souche : contrairement à celles et ceux qui se sont prêtés au même jeu, Anne Beddingfeld ne cherche jamais l'effet de style qui ajoutera à son atmosphère ou a son écriture, ne tombe jamais dans le trop... et pourtant son roman semble naturellement, profondément, anglais.
D'une écriture sobre et sincère, elle nous immerge dans le Londres Victorien d'une grande maison, celle de la famille Hewes, et de ses domestiques. Upstairs, downstairs : tandis que les maîtres, derrière la richesse et l’opulence, dissimulent quelques habitudes scandaleuses ou jugées comme telles (fréquentation assidue des maisons closes pour Monsieur, réunions de suffragettes pour Madame), les gens de maison fourmillent d'activité dans les communs. Allers et retours dans les escaliers de service, travail en cuisine, préparatifs des fêtes de Noël... au sein de cet univers finement reconstitué, l'auteure a eu l'excellente idée de ne pas concevoir une énième héroïne avant-gardiste. Ne nous méprenons pas : les protagonistes à contre-courant font de merveilleux romans, mais comme il est rafraîchissant de redécouvrir avec Beth un personnage tout ce qu'il y a de plus simple et ordinaire! Humble cuisinière, elle n'a que peu d'instruction et ne sait par ailleurs pas lire, connaissant les recettes de son répertoire par cœur et tablant sur une excellente mémoire. Mémoire et répertoire dont elle fait d'ailleurs part au lecteur, l'inondant de plats et de mets victoriens des plus appétissants...
L'intrigue policière évolue quant à elle dans les milieux de la prostitution et des suffragettes, empruntant également à l'Histoire de l'Angleterre et à des éléments clefs de l'évolution sociale au tournant du XXème siècle. Si Beth s'y trouve plongée malgré elle en voulant innocenter son amant de valet, accusé du crime qui a eu lieu dans le jardin des Hewes, elle ne devient pas à proprement parler une "détective amateur". Les chapitres alternant entre une narration faite par Beth et une narration omnisciente, le lecteur en apprend très vite plus que Beth elle-même en ce qui concerne les tréfonds de l'affaire, d'autant qu'elle vient à toucher des milieux assez hauts placés. Pour autant, cela conserve là encore un certain réalisme et renforce l'image et la crédibilité de cette humble jeune femme qui, souhaitant venir en aide à ses proches, sombre dans un univers dont elle ne connait pas tous les tenants et aboutissants.
En bref : Quand Downton Abbey rencontre Jack l'éventreur aux veilles de Noël. Un polar victorien très sympathique et sans prétention : en jouant la carte de la fidélité historique -notamment en ce qui concerne les positions et schémas sociaux- l'auteure met en scène une nouvelle héroïne criante de sincérité qu'on a hâte de retrouver dans un prochain tome.
Des domestiques bien curieux...
"Quand on est domestique, on sait que toute vérité est bonne à cacher
."
D'une écriture sobre et sincère, elle nous immerge dans le Londres Victorien d'une grande maison, celle de la famille Hewes, et de ses domestiques. Upstairs, downstairs : tandis que les maîtres, derrière la richesse et l’opulence, dissimulent quelques habitudes scandaleuses ou jugées comme telles (fréquentation assidue des maisons closes pour Monsieur, réunions de suffragettes pour Madame), les gens de maison fourmillent d'activité dans les communs. Allers et retours dans les escaliers de service, travail en cuisine, préparatifs des fêtes de Noël... au sein de cet univers finement reconstitué, l'auteure a eu l'excellente idée de ne pas concevoir une énième héroïne avant-gardiste. Ne nous méprenons pas : les protagonistes à contre-courant font de merveilleux romans, mais comme il est rafraîchissant de redécouvrir avec Beth un personnage tout ce qu'il y a de plus simple et ordinaire! Humble cuisinière, elle n'a que peu d'instruction et ne sait par ailleurs pas lire, connaissant les recettes de son répertoire par cœur et tablant sur une excellente mémoire. Mémoire et répertoire dont elle fait d'ailleurs part au lecteur, l'inondant de plats et de mets victoriens des plus appétissants...
Une cuisinière au XIXème...
"J'estime que pour se noyer, il faut enjamber la rambarde à au moins cent mètres de l'une ou l'autre rive. La cuisine, peu de gens le savent, c'est l'art de la mesure."
L'intrigue policière évolue quant à elle dans les milieux de la prostitution et des suffragettes, empruntant également à l'Histoire de l'Angleterre et à des éléments clefs de l'évolution sociale au tournant du XXème siècle. Si Beth s'y trouve plongée malgré elle en voulant innocenter son amant de valet, accusé du crime qui a eu lieu dans le jardin des Hewes, elle ne devient pas à proprement parler une "détective amateur". Les chapitres alternant entre une narration faite par Beth et une narration omnisciente, le lecteur en apprend très vite plus que Beth elle-même en ce qui concerne les tréfonds de l'affaire, d'autant qu'elle vient à toucher des milieux assez hauts placés. Pour autant, cela conserve là encore un certain réalisme et renforce l'image et la crédibilité de cette humble jeune femme qui, souhaitant venir en aide à ses proches, sombre dans un univers dont elle ne connait pas tous les tenants et aboutissants.
Noël victorien.
" C'est bien parce que le mariage est l'union des contraires qu'il ne m'intéresse guère. Mélanger l'huile et le vinaigre est un art. Il faut beaucoup de vigueur pour y parvenir."
En bref : Quand Downton Abbey rencontre Jack l'éventreur aux veilles de Noël. Un polar victorien très sympathique et sans prétention : en jouant la carte de la fidélité historique -notamment en ce qui concerne les positions et schémas sociaux- l'auteure met en scène une nouvelle héroïne criante de sincérité qu'on a hâte de retrouver dans un prochain tome.
Tout ce que j'apprécie... et je pensais qu'il s'agissait d'un écrivain britannique :) Je réalise que j'avais déjà repéré la série... je me la note pour les mois d'hiver, je sens mes envies de lectures victoriennes revenir en force !
RépondreSupprimerEn tout cas, l'écriture et atmosphère sont très britanniques! L'auteure a bien écrit son histoire!
RépondreSupprimerWaouh ! Ca donne vraiment envie ! Je suis ravie d'avoir ce roman dans ma PAL. Je sens qu'il va beaucoup me plaire.
RépondreSupprimerIl est très sympathiqu et j'ai beaucoup aimé le personnage de Beth, très réaliste :) je pense que tu aimeras ;)
Supprimerj'ai désormais très envie de le lire !! :-) merci pour la découverte et très bonne année 2018, Pedro !
RépondreSupprimerMerci Fondant! Meilleurs voeux à toi aussi!
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