lundi 3 décembre 2018

Un crime sous les étoiles ( Les enquêtes trépidantes du club Wells & Wong #4) - Robin Stevens

Jolly Foul Play (Wells & Wong #4), Puffin, 2016 - Éditions Flammarion jeunesse (trad. de F.Fiore), 2018.


«Nous avions toutes le nez en l’air, donc nous avons manqué l’assassinat. Nous savions bien qu’Elizabeth était méchante et dangereuse. Mais en fin de compte, voilà qu’elle était la victime, pas la criminelle. Et si quelqu’un l’avait tuée, c’était forcément une pensionnaire de Deepdean.»

Elizabeth Hurst, la terrible préfète-en-chef, est retrouvée morte en plein feu d’artifice... Très vite, Hazel et Daisy se rendent compte que tout le monde a un mobile : Elizabeth utilisait les secrets des élèves pour les faire chanter. Toutes la détestaient, même ses plus proches amies... et toutes sont suspectes.


***

  Revoilà nos deux petites détectives en uniforme et culottes courtes! Après trois enquêtes entamées avec Un coupable presque parfait, cette série de romans policiers jeunesse qui marche dans les pas d'Agatha Christie nous offre son quatrième opus...

 Couvertures des éditions anglaise et américaine.

  Et cette fois, retour à Deepdean : l'école qui a vu naître les talents de détectives de nos héroïnes! Après avoir élucidé trois crimes, Daisy et Hazel imaginent une nouvelle année scolaire des plus ordinaires... mais voilà, la nouvelle préfète en chef, Elizabeth Hurst, règne en tyran sur l'école. Avec l'aide de ses cinq préfètes (aussi détestables qu'elle), elle mène la vie dure aux écolières sans que les professeurs ne s'en aperçoivent. Mais voilà que la roue tourne : l'école décide de fêter la célèbre Bonefire Night, la Nuit de Guy Fawkes, à grands coups de feux d'artifices et de pétards. Alors que tout le monde semble se détendre et s'amuser, on retrouve le corps sans vie d'Elizabeth à côté d'un râteau. Tout porte à croire qu'ayant marché dessus, elle se soit blessée à la tête et en soit morte. Pour Daisy, ce n'est ni plus ni moins qu'un crime déguisé, et elle est bien décidée à le prouver. D'autant que quelques jours plus tard, on découvre que la victime détenait un carnet dans lequel elle notait tous les secrets les plus intimes de ses camarades, afin de les faire chanter à loisirs... Alors que les pages du carnet en question sont disséminées à travers l'école et font chaque jour circuler de nouvelles rumeurs, le club de détectives Wells & Wong rempile...



  C'est toujours un réel plaisir que de retrouver nos deux enquêtrices en herbe dans cette atmosphère de cosy mystery vintage. Si l'on peut craindre la redite à lire une enquête se déroulant une nouvelle fois à Deepdean, on apprécie néanmoins être plongé dans cette ambiance unique et feutrée de pensionnat à l'anglaise : la vie trépidante de l'internat, les codes d'une école pour fille des années 1930, les coutumes quotidiennes (les réveillons improvisés en pleine nuit par les internes, les en-cas à la récréation du matin...). Plus encore que dans le premier tome, on a l'impression d'observer une véritable fourmilière : ce sentiment est en effet renforcé par la trame qui, tissée autour des secrets les plus intimes des élèves dévoilés au grand jour, donne l'impression d'une ruche en perpétuel mouvement, animée par les rumeurs et des révélations toujours plus sombres. Robin Stevens parvient à nous raconter cela de façon particulièrement vivante.


  Côté intrigue, on apprécie encore une fois la complexité de l'histoire, avec cette fois une subtilité intéressante : tout le monde détestait la victime (et donc tout le monde profite un peu de son décès, au bout du compte), ce qui n'aide pas à resserrer l'étau des suspects, même si les conditions de la mort le réduit très vite aux cinq horribles préfètes (ce qui ne simplifie pas les choses pour autant). Dès lors, on découvre que les apparences sont décidément très trompeuses à Deepdean comme ailleurs, et que les cinq adolescentes en question étaient bien loin d'être du côté de leur préfète en chef... Ces réflexions et découvertes, racontées à travers le regard toujours altruiste d'Hazel Wong (vice-présidente du club de détective, "Watson" de la série et narratrice des romans), sont sujettes à l'émergence de très justes pensées sur la nature humaine ou sur la cruauté du monde des enfants et adolescents (souvent ignorée des adultes...).

 Célébration de la fête de Guy Fawkes dans les années 30...

  Les personnages sont toujours aussi bien dessinés et on adore résolument les contrastes de l'amitié entre Daisy et Hazel, qui se voit ici mise à mal par la jalousie (on ne vous en dit pas plus). Petite nouveauté et pas des moindres : le club de détective s'élargit dans ce nouveau tome! Les camarades de chambres de nos deux héroïnes rejoignent en effet la caste très privée des enquêtrices amatrices, ce qui vient dynamiser l'intrigue et les interactions tout en permettant de découvrir un peu plus les personnages secondaires de cet univers dont on raffole.


En bref: Une nouvelle enquête réussie! Robin Stevens continue de captiver ses jeunes (et moins jeunes) lecteurs de cosy mysteries à l'ancienne avec le même talent, tout en invitant des personnages secondaires à prendre plus de place aux côtés des héroïnes. Il nous tarde déjà de découvrir le prochain tome, qui devrait se dérouler à Oxford pendant les fêtes de Noël!

 Un grand merci aux éditions Flammarion pour cette lecture!



Et pour aller plus loin...

-Si vous avez aimé ce roman, vous aimerez sans doute:

  -Le chat et les pigeons, d'Agatha Christie, pour lequel Un coupable presque parfait constitue une excellente entrée en matière.


-La série jeunesse des Soeurs Parker, pour plus d'enquêtes dans le cadre délicieusement vintage des pensionnats old school.

 -La série des Portia Adams adventures, dans la même lignée que les enquêtes de Wells et Wong : l'Angleterre, les années 30, et une jeune fille qui se prend de passion pour les enquêtes, mais davantage dans la lignée d'intrigues holmesiennes écrites pas Conan Doyle.

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