The Wonderful Wizard of Oz, Simon and Schuster Children's Publishing Division, 2000 - Éditions du Seuil jeunesse (trad. de P. Paringaux), 2005.
Partez pour le Pays d'Oz et aventurez-vous avec Dorothy et ses trois compères - l'Épouvantail, le
Bûcheron en Fer-Blanc et le Lion Poltron - sur les traces du Magicien.
Un
époustouflant pop-up d'où surgissent une tornade dévastatrice, le
somptueux Palais de la Cité d'Émeraude (n'oubliez pas de chausser vos
lunettes magiques pour ne pas être ébloui !) ou même un ballon
dirigeable !
Une adaptation de la fameuse histoire de L. Frank Baum merveilleusement servie par les sculptures en papier créées par Robert Sabuda.
***
Robert Sabuda est un talentueux artiste américain connu pour ses nombreux livres pop-up. Ingénieur et illustrateur, il entremêle ses nombreuses compétences au profit de créations complexes qui lui ont permis de remporter en trois occasions consécutives le prix Meggendorfer, soit la plus grande récompense en matière de livres animés. Ses publications, souvent tournées vers l'univers des contes traditionnels ou des grands classiques de la littérature de jeunesse, ont bénéficié d'une reconnaissance internationale. En France, trois de ses ouvrages sont sortis aux éditions du Seuil jeunesse, dont ce superbe Magicien d'Oz.
Visuellement, l'ouvrage impressionne par sa densité : avant même de l'ouvrir, observer les tranches du livre suffit à donner une idée de sa complexité et des mécanismes qu'il dissimule. On distingue en effet les nombreuses couches et sous-couches de papier cartonné, les plis et replis, soufflets et languettes. La première page tournée, et voilà qu'on s'envole pour le Kansas. Le grand format de cet album offre une immersion en cinémascope dans l'univers imaginé par L. Frank Baum. L'expression "tomber dans un livre" n'aura jamais été aussi juste, de même que l'appellation de "livre animé" : les éléments se déploient sous nos yeux dans un mouvement d'une rare élégance, presque une danse – ou nous sautent parfois littéralement au visage. C'est le cas de la tornade qui se dresse comme par magie dès l'ouverture du récit, au beau milieu de l'exploitation de l'oncle Henry et de la tante Em, qu'on semble observer depuis le ciel.
Il en est ainsi à chaque nouvelle double page : un élément central – souvent un bâtiment – apparait de nulle part devant les yeux du lecteur (qui se demande vraiment comment un livre peut dissimuler autant de constructions et de palais en trois dimensions) quand ce n'est pas la montgolfière du magicien qui semble se gonfler d'air en temps réel pour prendre son envol. Malgré l'abondance de papier et de pliage, malgré l'enchevêtrement de cartonnages, tout reprend sa place une fois la page tournée. On pourrait presque croire à quelque sortilège...
Non content de nous en mettre plein la vue, Robert Sabuda s'amuse aussi de dispositifs plus discrets disséminés çà et là au fil des pages. Le texte est par exemple imprimé sur de petits livrets encadrant chaque nouvelle composition, livrets ceux-là aussi agrémentés d'animations que le lecteur a la surprise de découvrir : Dorothy pirouettant au-dessus de son lit, la Sorcière de l'Ouest se transformant en flaque d'eau ou encore les souliers d'argent qui s'entrechoquent. Parmi les autres astuces enchanteresses : la double page consacrée à la cité d'émeraude propose une paire de lunettes que le lecteur peut chausser pour, comme les personnages de l'histoire, voir la vie en vert !
Bien que les illustrations soient de Robert Sabuda, ce dernier calque les très célèbres images de William Wallace Denslow, ami de L. Frank Baum et illustrateur officiel du Magicien d'Oz dans ses premières éditions. On y retrouve donc un univers visuel familier qui nous renvoie à la genèse de ce grand classique : la robe à imprimé vichy de Dorothy, le lion poltron quelque part entre la gravure et le cartoon ou, encore, la Méchante Sorcière de l'Ouest et sa tenue farfelue. Format oblige, le texte est bien sûr abrégé, mais conserve de nombreux épisodes du roman original (dont certains qui sont souvent écartés des versions tronquées) ainsi que plusieurs dialogues retranscrits dans leur quasi intégralité.
En bref : Oubliez les écrans : cette version animée du Magicien d'Oz par le génial Robert Sabuda est un petit trésor d'ingénierie. Rarement un livre pop-up aura donné à voir autant de mécanismes aussi complexes pour un résultat aussi réussi ; les images se déploient avec une étrange virtuosité, comme si les différents éléments de papier étaient doués d'une vie propre. On ne s'en lasse pas.






Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire