vendredi 2 avril 2021

Gourmandise littéraire : Gaufres à l'eau de rose et aux épices.

    Après la recette des Pufferts publiée il y a quelques temps, nous proposons de partager avec vous aujourd'hui une autre recette issue du roman Miniaturiste de Jessie Burton : les gaufres à l'eau de rose, à la cannelle et au gingembre...
 
    Miniaturiste nous plonge dans la Hollande du Siècle d'Or, où la jeune et timide Petronella vient d'être mariée au riche et influent Johannes Brandt, marchand de renom. Dans la grande maison des Brandt menée d'une poigne de fer par son austère belle-sœur Marin, Petronella s'ennuie ; pour l'occuper, son époux (aussi présent qu'un courant d'air) lui offre un cabinet à garnir de miniatures afin de reproduire leur demeure dans le moindre détail. La jeune femme commande les reproductions auprès du seul miniaturiste d’Amsterdam, dont les créations frôlent souvent la limite avec des prédictions, levant progressivement le voile sur les secrets de son nouveau foyer...
 
    En plus d'être un thriller domestique rondement mené, Miniaturiste est aussi un roman historique subtilement documenté qui immerge littéralement son lecteur dans le quotidien du XVIIème siècle hollandais. Parmi les éléments qui participent à cette authenticité, la cuisine et les nombreux plats évoqués font l'effet d'une machine à remonter le temps, entre pâtisseries anciennes et épices rapportées des colonies sous l'influence du commerce dont la Hollande avait alors le monopole. 

    Parmi les pâtisseries évoquées dans le livre, les gaufres ont de quoi faire saliver le lecteur. Alors qu'elle vient de mettre à jour le secret que dissimulait toute la maisonnée, Petronella se réveille d'un sommeil torturé dans les effluves sucrées de plats préparés par les domestiques, devenus de fidèles alliés, pour la réconforter. Même son antipathique belle-sœur semble faire un effort de chaleur en lui amenant au lit ce solide petit-déjeuner...
 
 
"Une odeur suave, irrésistible, réveille Nella. Elle ouvre les yeux et voit Marin, au pied de son lit, plongée dans ses pensées, une assiette de gaufres sur les genoux. Quand elle se croit seule, Marin a l'air beaucoup plus doux, les paupières baissées sur ses yeux gris, la bouche exprimant un certain découragement. Cela fait sept jours que Marin vient s'asseoir là et, chaque jour, Nella a fait semblant de dormir (...).
    Le cabinet inhabité se dresse dans son coin. Quelqu'un a ouvert les rideaux, et il parait plus imposant encore à la lumière du soleil. Il attire aussi l'attention de Marin, qui se débarrasse de l'assiette de gaufres, s'en approche lentement, et glisse une main dans le salon. Elle sort le berceau et le fait osciller au creux de sa paume.
— N'y touchez pas! ordonne Nella. Ces objets ne vous appartiennent pas.
    Marin sursaute et repose le berceau.
— Il y a des gaufres à l'eau de rose pour vous, avec de la cannelle et du gingembre (...).
    Nella tend le bras vers l'assiette en porcelaine de Delft, inoffensive avec ses fleurs entrelacées à des feuilles. Marin vient regonfler ses oreillers, puis reprend sa place au pied du lit. Les gaufres sont dorées et croustillantes à la perfection, et l'eau de rose se mêle dans sa bouche à la chaleur du gingembre. Depuis sa cage, Peebo gémit d'envie à l'odeur de ces plaisirs que Nella croyait défendus."

Miniaturiste, J.Burton (trad. de D.Letellier), Folio, 2017.


    Gourmandise régressive par excellence, la gaufre est un plat particulièrement ancien dont l'origine remonte au Moyen-Âge, plus précisément dans les région du Nord de la France, la Belgique et les Pays-Bas, où elle fait encore partie des spécialités. On connait surtout la traditionnelle gaufre lilloise ou la gaufre liégeoise, ou encore les versions sèches du type gaufrette. La Hollande a parmi ses traditions culinaires une gaufre du nom de Stroopwafel, un disque plat et moelleux garni de sirop de caramel, qui ne correspond cependant pas à la description des gaufres servies par Marin dans le roman. Celles-ci évoquent davantage les gaufres allemandes anciennes, habituellement parfumées aux épices et qu'on imagine tout à fait croiser dans les cuisines de l'Amsterdam du Siècle d'Or ...


 Gaufrier ancien en fonte.
 
Ingrédients :
 
- 120 g de margarine
- 3 œufs
- 50 g de sucre roux (ou de vraie cassonade)
- 1 sachet de sucre vanillé
- 250 g de farine
- 2 c-à-c de cannelle en poudre
- 1 c-à-c de gingembre en poudre
- 2 c-à-c de levure chimique
- 1 c-à-s d'eau de rose
- 125 mL d'eau tiède

NB : Il est recommandé de faire cette recette avec un gaufrier rond et peu profond.

A vos tabliers !

- Mélanger la margarine, le sucre roux et le sucre vanillé jusqu'à obtenir un mélange mousseux, puis ajouter les œufs un à un.
- Ajouter la farine tamisée préalablement mélangée à la levure, la cannelle et je gingembre, puis l'eau tiède et l'eau de rose. Mélanger.
- Graisser le gaufrier, le mettre à chauffer puis faire cuire les gaufres à température moyenne.
- Servir saupoudré de sucre ou de cannelle.
 
A savourer au petit-déjeuner pour bien commencer la journée...
 

***

 Grand merci à J.M. Frémont, G. Marot et à La Tour des Villains de Montsaugeon pour leur accueil et le décor mis à disposition.

1 commentaire:

  1. J'ai fait l'erreur de venir sur ce blog ce matin. J'ai vite refermé. Maintenant que j'ai mangé, je peux lire ce post plus sereinement.

    RépondreSupprimer