mercredi 7 avril 2021

Un hiver dans le monde à l'envers...

Source : Pinterest
 
    Voilà. Un an. Un an que nous alternons entre confinement et déconfinement, un an que le temps semble s'affranchir de ses propres règles, pouvant s'étirer démesurément ou tourner sur lui même. Après un printemps dans le monde du dedans, un été entre deux-monde, puis un automne dans le monde du dehors (enfin, pas pour longtemps), cet hiver a décidément été celui du monde à l'envers.
    Nous ne commenterons pas l'actualité politique ou sanitaire (votre télé et votre radio s'en chargent très bien). Très égoïstement, au Terrier, nous n'en sommes impactés qu'après les affres de la vie étudiante, lesquelles imposent à elle seules de se cloitrer des heures durant, plusieurs weekends d'affilée, pendant qu'au dehors le monde s'agite (enfin, s'agit confiné, quoi...). Pendant ce temps, le baromètre des émotions s'emballe et joue les montagnes russes ; il y avait longtemps qu'on n'avait pas été aussi dépassés et mélancoliques, au Terrier. La dernière fois, ça devait être... ah, eh bien, oui : ça remonte aux années fac.
    
    Bon. Bref. Rappelons-nous les quelques heureux moments de cet hiver. Si, si, je suis sûr qu'il y en a.
 
Promenade dans la neige en semaine,
Tea Time confiné le weekend...
 
 
    L'automne dernier, nous avions pris l'habitude de nous aérer les méninges en fin de journée, c'est à dire dans l'ultime heure de liberté qui séparait la fin du bachotage de l'heure du couvre-feu. Le rituel s'est poursuivi cet hiver, la contrée offrant son pelage de saison et son beau duvet blanc : d'abord un givre bien ferme puis une épaisse couche de neige comme on en n'avait pas vue depuis quelques années déjà... 
 
 
 
    
    Le besoin de réconfort avait aussi suggéré depuis quelques mois l'instauration de petits-déjeuners ou de tea time dominicaux ; ce rituel-là aussi s'est poursuivi au cours de l'hiver, avec une pause imposée les dimanches autour d'un goûter partagé – devenu un moment de convivialité ô combien salvateur en ces temps troublés. Tartes, jalousies aux pommes et clafoutis pommes-myrtilles ont fait le bonheur de ces instants sucrés pour mieux recharger les batteries. On a même retrouvé au congélateur quelques ultimes parts de pudding aux fruits secs façon Meert cuisiné il y a de cela déjà quelques temps...

 


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Popotes et casseroles
(oui, vous avez noté la transition hyper subtile...)

 
    Nous devons à Mother Rabbit d'avoir survécu à ces mois d'hiver : Mère Lapin est venue plus d'une fois déposer (en même temps que les goûters du dimanche) quelques généreux paniers de vivres, bienvenus pour affronter la semaine entre travail, cours et révisions tardives. Heureusement, certaines périodes un tantinet moins chargées que d'autres ont permis qu'on se remette aux fourneaux. Cette fois encore cependant, pas trop le temps d'innover : on a rejoué les classiques, Mulligatwany en tête (cuisiné et recuisiné au moins 3 fois pendant l'hiver... quand on aime, on ne compte pas). Pour ceux qui l'ignorent, le Mulligatwany est un plat anglais à mi-chemin entre la soupe et le mijoté d'inspiration indienne, composé de potimarron, de carottes, de tomates, de bœuf haché et de curry, particulièrement réconfortant en hiver.


    Dahl de lentilles corail à l'indienne, curry de poulet aux carottes et wok asiatique de pois gourmands... Une fois n'est pas coutume, les épices semblent avoir envahi la cuisine. Côté sucré, on a préparé des piles et des piles de pancakes aux flocons d'avoine (notre recette favorite), généreusement arrosées de sirop d'agave (à défaut de golden syrup de chez Marks & Spencer...) ou tartinées de cédratine confite inspirée de la recette de Tante Eudoxie, personnage des roman La trilogie des Charmettes d'E. Boisset (à qui nous avons envoyé un petit pot joliment étiqueté en cadeau).


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Créations et bricolages


    Évidemment, par manque de temps, cette saison a été peu marquée par des réalisations ou créations personnelles. Cela dit, nous poursuivons dans le cadre du travail avec nos petits monstres notre projet culturel annuel. Après leur avoir fait participer à l'écriture d'un livre épistolaire, d'un mini-album, de recueils de poésie, d'une pièce de théâtre et d'un ouvrage de slam, nous travaillons cette année sur un album illustré inspiré du concept de livres comme Culottées de P.Bagieu ou J'aimerais te parler d'elles, de S.Carquain : une galerie de portraits féminins de l'Histoire (certes, mais de l'Histoire locale en ce qui nous concerne !) racontés à travers leurs yeux d'ados, pour défendre de façon originale la place et les droits des femmes. A la fois culturel, artistique et citoyen, ce projet a débuté avec une phase de recherches historiques, puis s'est poursuivi avec une phase d'écriture. Nous sommes actuellement dans la phase créative : chaque enfant illustre selon la méthode de son choix quelques étapes de la vie de la femme dont il est le porteur de voix. Dessin, scrapbooking, roman photo en légos, collage... le résultat promet d'en mettre plein les yeux. Tous ont également réalisé un portrait graphique de la personnalité choisie façon Andy Warhol. Mary Stuart, Émilie du Châtelet, Eponine de Langres, Jeanne Mance, Louise Michel, Aurélie Picard, Camille Claudel, et Simone de Beauvoir (oui, oui, elles sont toutes de / ont vécu chez nous ^_^) sont ainsi mises à l'honneur et brillent de leurs couleurs Pop Art!
 


    Afin de leur montrer différentes techniques de mise en lumière possibles, nous nous sommes également prêtés au jeu en mettant en images la vie de Mary Shelley (non, elle n'est pas de chez nous, mais elle y a quand même fait un détour au cours de ses voyages à travers l'Europe), en nous inspirant (mais de façon très simplifiée) de la technique du paper-art telle que la pratiquent les artistes Su Blackwell et Jody Harvey Brown. Pour un exemple fait à la va-vite, nous sommes plutôt contents du résultat (cliquez pour voir en grand) :
 
 
De gauche à droite et de haut en bas : 
Mary, enfant, sur la tombe de a mère ; Mary voyageant à travers l'Europe avec Percy Shelley et Claire Clairmont ;
Mary, Percy et Claire à la villa Diodati ; Mary Shelley, devenue auteure de Frankenstein.

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Acquisitions et cadeaux
 

 Alors, certes, l'attachement aux choses matérielles, c'est mal. Oui, oui, oui, mais avouons-le : en ces temps de déprime générale, on accueille les cadeaux et marques d'affection de ses amis comme autant de bénédictions descendues du ciel pour arriver directement dans la boîte à lettres. Il y a eu le traditionnel colis de goodies hivernal de Pouchky Ficelle, avec un Sherlock à colorier, du thé à boire et des shortbreads à manger. Ah, et de la poussière de fées. Oui, oui, même que ça se met dans le chocolat chaud et dans les gâteaux (c'est le petit pot, à droite).
    Et puis il y a eu ce jour particulièrement déprimant où le facteur a égayé notre semaine entière en nous apportant ce joli paquet cadeau envoyé par the British Countess. Il contenait les tasses et soucoupes assorties à la très dispendieuse théière Royal Albert à motifs Old Country Roses que nous avions acquise il y a peu pour nous remettre des examens de premier semestre (ça s'appelle un auto-cadeau ; on fait ce qu'on peut pour se remonter le moral).
 

    Côté bibliothèque, il y a eu beaucoup d'autres cadeaux et auto-cadeaux (nous avouons sans honte notre tendance à la fièvre acheteuse en cas de moral en berne (après tout, c'est mieux que se droguer, non mais oh) ). Nous avons acquis en occasion la célébrissime biographie James Barrie and the lost boys, le roman Le serpent de l'Essex (présenté dans la veine de Miniaturiste), ainsi que deux tomes de la série Le club des philosophes amateurs d'A.McCall-Smith, cosy mystery avant l'heure, entre considérations philosophiques et esprit 100 % écossais (on a cruellement besoin de lectures doudou ces temps-ci). On continue parallèlement de compléter notre collection d'Agatha Raisin : les opus 15 et 16 ont rejoint nos étagères, et on a dégoté dès sa sortie la réédition du Jeu de la Dame (un empressement certainement inutile puisqu'on ne sait pas du tout quand on aura le temps de le lire, mais nos amis bookaholic comprendront). Nous avons reçu de la part de l'auteur les deux derniers tomes de Au service secret de Marie-Antoinette, adorablement dédicacés, de la part des éditions Baker Street, leur dernier né, les Enragés de Paris, et de la part de Pouchky Ficelle, une réédition de la diabolique Willa Marsh, Meurtres entre sœurs. Enfin, on a craqué pour la réédition de Crimes entremêlés, de la baronne Emmuska Orczy, une "autre" grande dame du crime vintage un peu oubliée.

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    Voilà pour l'inventaire de cette saison. On espère vivement que le printemps, son soleil, ses bourgeons et son rhume des foins apporteront le renouveau qu'on attend depuis une dizaine de mois. Allez, on y croit ; la suite au prochain numéro!

5 commentaires:

  1. Pouchky Ficelle9 avril 2021 à 05:43

    J'ai hâte de venir prendre le thé au Terrier!
    Tiens, je n'avais jamais songé que la baronne Orczy avait fait autre chose que le Mouron rouge. Je pensais même que "Baronne Orczy" était un pseudo.En ces temps étranges, il est réconfortant de se réfugier dans des valeurs sûres pour se consoler de tout ce que nous ne pouvons plus faire.

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    1. Mais le Terrier n'attend que toi, très chère ! ;-)
      Oui, j'ai été interpellé par ce livre de la baronne Orczy ; il a été réédité par une "apprentie" maison d'édition (éditeur rattaché à une promo d'étudiants futurs éditeurs qui ont exhumé le texte de la naphtaline pour leur projet de fin de cursus)

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  2. Oh chouettes créations, chouette vaisselles, chouettes plats réconfortants, oui il y a eu de CHOUETTES instants chez nous, chez vous, partout, il ne faut pas les oublier... J'espère que tu aimeras Isabel Dalhousie, c'est un de mes 10 personnages préférés de tout l'univers ! (et vive Edimbourg et les cosy-mysteries ^_^) Happy lundi, Pedro, à bientôt !

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    1. Oui, il est important de se souvenir des bons moments pour ne pas se laisser happer par la crise!
      J'ai déjà lu le premier tome du club des philosophes amateurs l'an dernier et j'avais beaucoup aimé (je suis fan de l'auteur, dont j'ai adoré les chroniques d'Edimbourg!). A très vite amie Fondant ;)

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  3. si tu aimes les épices dépaysantes Pedro, connais-tu à Paris le temple des saveurs qu'est le passage Brady et tout particulièrement la boutique Velan ?

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