Folle de jalousie face à sa beauté, sa belle-mère décide de se
débarrasser de Blanche-Neige. La jeune fille trouve alors refuge dans la
demeure des sept nains. Mais la reine réussit à lui faire croquer une
pomme empoisonnée. Qui pourra sauver Blanche-Neige ?
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On continue notre tour d'horizon des albums adaptés du conte des frères Grimm. Après Benjamin Lacombe, Sophie Lebot et Charlotte Gastaut, c'est de la version illustrée par la talentueuse Mayalen Goust pour les albums du Père Castor que nous allons parler aujourd'hui. Il n'est certainement pas utile de présenter la très célèbre collection des éditions Flammarion : le Père Castor, c'est près de deux mille ouvrages publiés depuis 1931, dont certains livres iconiques de la littérature enfantine et de l’essor qu'elle a connu avec le XXème siècle. Contes, romans, classiques ou inédits, ainsi qu'une série animée d'anthologie dans les années 90, non, vraiment, il est impossible de ne pas connaître le Père Castor. Parmi ses "mini classiques", contes issus de la tradition du monde entier, on retrouve évidemment une édition de Blanche-Neige.
Le texte adapté des frères Grimm est, comme pour la version illustrée par Sophie Lebot aux éditions Lito, relativement proche de la version allemande du conte, nuançant seulement les passages les plus sombres. Aussi, c'est surtout le final et la mort de la Méchante Reine qui sont une fois encore modifiés, probablement par crainte de choquer les jeunes lecteurs : la torture causée par les chaussures de métal chauffées à blanc semble décidément refroidir les éditeurs. Dans cette version, la belle-mère meurt de frayeur en découvrant Blanche-Neige vivante le jour de son mariage. Pour le reste, pas de surprise ni de liberté particulière dans l'intrigue, qui reste très fidèle.
Mayalen Goust, diplômée de l'école d'arts appliqués de Poitiers, est surtout connue pour ses BD aux éditions Rue de Sèvre (notamment D'or et d'oreillers, d'après Flore Vesco, dont elle avait déjà assuré la couverture du roman) et pour sa mise en image remarquée des Colombes du Roi Soleil, la bande-dessinée adaptée des livres à succès de Anne-Marie Desplat-Duc. Le reste de sa bibliographie occupe une place de choix au rayon des contes de fée, notamment chez Lito, Le Père Castor et Magnard, pour qui elle a entre autres illustré La petite fille aux allumettes, Barbe-Bleu, Dame Hiver, ou encore Jack et le haricot magique.
Si sa vision de Blanche-Neige est peut-être celle qui nous correspond le moins d'un point de vue esthétique, on ne peut nier une belle audace et, surtout, une très belle patte personnelle. Mayalen Goust propose ici un univers aux lignes anguleuses et modernes, aux silhouettes élancées et aux courbes design. Si elle s'amuse parfois des codes du baroque (surtout avec le personnage de la Méchante Reine – sorte de sosie de la Lady Tremaine de Disney – issue d'un ordre ancien où les fauteuils capitonnés côtoient les chignons hauts et les tailles corsetées), son graphisme évoque surtout quelque chose d'asiatique, entre chinoiseries et clins d’œil japonisants.
En effet, l'ensemble nous évoque un conte de Miyazaki ou une estampe japonaise. Blanche-Neige porte le kimono à merveille, son prince charmant arbore fièrement le turban, la sorcière, toute en rondeurs, semble échappée du Château ambulant ou du Voyage de Chihiro, et l'on croise ici et là quelques chapeaux chinois. Même les nains se présentent sous un nouveau jour : ils ont troqué leurs barbes blanches contre des bouilles de lutins facétieux aux couleurs acidulées. Le tout est épuré, fin et poétique.
En bref : Une vision inattendue et rafraichissante du conte grâce aux illustrations japonisantes de Mayalen Goust. Kimonos, turbans et chapeaux pointus habillent les personnages, le tout dans des décors aux lignes épurées. Il y a à n'en pas douter un peu de Miyazaki dans ce Blanche-Neige...
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