Blanche-Neige
(Mirror, Mirror)
deTarsem Singh
Avec: Julia Roberts, Lily Collins, Armie Hammer, Nathan Lane...
Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa
belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du
trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince
aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune
chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt…
Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche
Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la
méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à
passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…
***
Il y a quelques mois, on vous avait parlé de notre fascination pour les contes de fées et en particulier pour l'histoire de Blanche-Neige ; on avait alors consacré un article aux deux adaptations cinématographique prévues cette année, dont la première est sortie le 11 Avril dernier. Comme vous vous en doutez, on ne pouvait manquer l'occasion et on a filé dans les salles obscures malgré notre appréhension. En effet, on avait été de prime abord plutôt rebuté par la bande-annonce (trop d'humour, trop de couleur, trop de froufrous, trop de tout...) avant de voir les choses sous un nouvel angle en apprenant que le réalisateur n'était autre que Tarsem Singh, à qui on doit les sublimes et saisissants The Fall et The Cell. Au final, on est sorti de la séance plutôt satisfait.
Du point de vue du scénario, on a été très agréablement surpris par les tournants qu'emprunte l'histoire. Alors qu'on pouvait s'attendre à une trame convenue et sans surprise, les scénaristes ont habilement mêlé le conte de Grimm, des éléments provenant des versions de Blanche-Neige du monde entier, et des éléments inédits pour redynamiser l'histoire sans pour autant la dénaturer. On réalise au moment du générique de fin qu'on ne s'est pas ennuyé une seule seconde : l'intrigue offre un parfait équilibre entre l'univers du conte que tout le monde reconnaitra, tout en orientant l'histoire de façon à proposer un regard neuf et audacieux. A noter la chute de l'histoire, qui rejoue le rôle de la pomme avec malice.
La bande-annonce nous avait laissé craindre un ton trop parodique mais on doit reconnaître que l'humour a été savamment dosé : certes très présent, il est contre-balancée par les scènes d'action et les nombreux rebondissements. S'il reste que certains éléments sont de trop (ou too much, notamment le sortilège jeté au prince, qui en fait un insupportable cabot), il faut y voir une vraie preuve d'autodérision, un clin d’œil appuyé aux versions trop lisses colorées (et surtout à celle de Disney) que cette version viendrait dynamiter ici et là de quelques traits de caricature
Les personnages s'inscrivent dans ce même équilibre de fidélité mêlée de nouveauté : Blanche-Neige semble au départ très proche de la princesse candide de la version d'origine (et là encore, on croit voir plusieurs fois celle de Disney pendant le premier tiers du film). Heureusement, c'est pour mieux surprendre le spectateur pour la suite, car l'héroïne mûrit et se transforme en jeune femme pleine de malice, de courage, et d'audace, laquelle n'a plus besoin de son prince charmant pour s'en sortir (peut-être même est-ce l'inverse). Un beau pied de nez au mythe vu et revu de la princesse en détresse.
La reine, haute en couleurs, est merveilleusement interprétée par Julia Roberts, parfaite dans ce rôle qui nous a fortement évoqué une version diabolique de Marie-Antoinette telle que véhiculée par les stéréotypes : fêtarde (banquets et bals dégoulinant de pâtisseries et de rubans), dépensière (...grâce aux taxes qui appauvrissent le peuple – le mot d'ordre de la reine étant "Le pain vaut la viande", ce qui n'est pas sans rappeler "S'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche), avide, fashion victim (le passage où elle essaye ses paires de chaussures rappelle évidemment le film de Sophia Coppola) et délicieuse d'extravagance (elle a par exemple l'habitude de jouer à une version grandeur nature des échecs en faisant de ses courtisans des pions vivants, et de sa salle de bal l'équivalent d'un plateau géant). A noter que cette reine n'est pas à proprement parler une sorcière : la seule magie qu'elle possède est son miroir et c'est de lui, et de lui uniquement qu'elle tire sa puissance. Dans un sens, elle en est presque une victime, car c'est à lui qu'elle doit faire la demande des maléfices et sorts qu'elle veut jeter, sachant qu'elle devra à chaque fois en payer le prix. Et autant dire que la note peut s'avérer particulièrement salée...
Le miroir, à la fois objet et personnage, est habilement mis en scène dans cette version : loin d'être une simple antiquité magique douée de parole, il est présenté comme un portail menant à un entre-deux mondes, un espace parallèle coupé de la réalité. En le traversant, la Reine accède à une sorte de pagode montée sur pilotis à l'intérieur de laquelle elle conserve d'autres objets magiques. Le personnage qui apparait sur les surfaces réfléchissantes est un alter-ego de la reine, une entité jumelle à l'apparence évanescente et douée d'une sagesse dont semble dépourvue la souveraine.
Pour ce qui est des nains, ils ne chantent pas, ne portent pas de bonnets et ne passent pas leurs journées à chercher des cailloux au fond d'une mine. Tout comme dans le roman de Gregory Maguire où l'auteur en avait fait des voleurs, les sept frères sont ici des brigands, des "bandits de grands chemins" qui volent les riches et rapportent leur butin dans leur...euh... "chaumière"(...habitation troglodyte serait plus juste) pour festoyer comme il se doit. Loin des vieux garçons auxquels on aurait pu s'attendre, les nains deviennent ici les mentors de l'héroïne dans son combat contre la reine. Et un cliché de plus de terrassé.
Concernant l'aspect esthétique du film : on s'est littéralement régalé les yeux pendant presque deux heures ! Fidèle aux visuels et paysages saisissants dont il nous avait gratifié dans ses précédents films, Tarsem Singh enchante le spectateur de décors entièrement construits en taille réelle (il avait insisté vouloir faire le film "à l'ancienne"). Les différents lieux de l'histoire, d'une grande diversité esthétique, font l'effet d'un mini-tour du monde doublé d'un voyage à travers les époques : l'extérieur du château rappelle un palais oriental (ou une basilique russe, peut-être?) alors que l'intérieur est plutôt d'inspiration baroque (de nombreuses pièces - notamment la cuisine et la chambre de la princesse - nous ont également rappelé les décors du film Le secret de Moonacre !), la forêt perpétuellement enneigée pourrait avoir été filmée dans les pays nordiques tandis qu'on croirait le village et ses pauvres habitants sortis d'un roman de Charles Dickens !
Les costumes conçus par Eiko Ishioka (à qui l'on doit les sublimes tenues du Dracula de Coppola) sont tout bonnement superbes et on perçoit, tout comme pour les décors, de multiples influences: les robes de la reines et les toilettes de la cour seraient parfaites pour une virée à Versailles, les tenues des villageois et des serviteurs auraient leur place dans un film victorien, tandis que les tissus, broderies, et imprimés utilisés renvoient à l'élégance indienne ou orientale. Oh, et mention spéciale pour les costumes portés par les courtisans forcés de jouer les pièces d'échec : les chapeaux en forme de navire ne sont pas sans rappeler, une fois encore, Marie-Antoinette et sa célèbre coiffure à "la Belle Poule".
En bref : S'il n'est pas le film de l'année, ce Blanche-Neige est une adaptation divertissante et surprenante du conte qui trouve un bon équilibre entre tradition et nouveauté. Une comédie d'aventure familiale dynamique et esthétique qui se laisse regarder avec gourmandise!
J'ai aussi été le voir.. Mais j'ai été bien moins enthousiasmé que toi ! En fait, j'ai trouvé qu'il était pas mal, mais sans plus. Certes, c'est drôle, mais oui des fois c'est TROP. Le prince qui se change en chien.. Bon oui c'est pour les gamins, mais qu'est-ce que c'est niais ! xD
RépondreSupprimerSinon, je n'ai pas aimé le costume final de Blanche Neige, ni même sa "chanson"...
Je comprends bien que le film est destiné pour les enfants, mais bon.. Je suis mitigée :/
Je ne suis pas bon critique, je le crains: dès qu'il y a un seul point positif dans un film, j'arrive à me concentrer dessus et à y attacher assez d'importance pour compenser du reste. ^^' J'ai peut-être été un peu trop élogieux, en effet, mais j'avoue que s'il n'y avait pas l'aspect esthétique du film pour capter mon attention, je lui trouverais tous les défauts du monde ( A commencer, effectivement, par la métamorphose en chien, qui est du plus grand des ridicules ;) ).
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